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L’ENSEIGNEMENT
DE
L’HISTOIRE À REBOURS
D’APRÈS UN PROGRAMME ALLEMAND

On se souvient encore de la sensation produite en Allemagne et ailleurs par le discours que prononça naguère l’empereur Guillaume II devant la commission chargée de réformer l’instruction secondaire en Prusse. Parmi les réformes que le jeune souverain réclamait avec insistance, l’une des plus importantes, selon lui, était celle de l’enseignement de l’histoire. Il déclara que c’était faire fausse route que de suivre le cours des temps, qu’il fallait commencer par le moderne et finir par l’ancien, passer de l’histoire d’aujourd’hui à l’histoire d’hier, puis à celle d’avant-hier, et, rétrogradant de siècle en siècle, remonter de la bataille de Sedan au combat des Thermopyles.

L’empereur Guillaume II s’est-il douté que la méthode qu’il préconisait était d’origine welche, qu’un Français illustre qui a visité Berlin au siècle dernier, d’Alembert, avait proposé le premier « d’enseigner l’histoire à rebours, en commençant par les temps les plus rapprochés de nous et finissant par les plus reculés ? » Mais il y a une différence essentielle entre la méthode de Guillaume II et celle de d’Alembert. Guillaume II veut qu’on commence par l’histoire contemporaine, et d’Alembert, tout au contraire, l’excluait de son programme. Il allait jusqu’à dire « qu’un