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représenté dans les récentes conventions entre le gouvernement britannique et l’empire d’Allemagne, en tant qu’elles affectent des territoires au sud du Zambèze ; et elle est d’opinion que le gouvernement de cette colonie doit avoir une voix à l’avenir dans tout nouvel arrangement proposé des frontières au sud du Zambèze. »


Depuis la disparition de son grand collègue et ami, lord Beaconsfield, le marquis de Salisbury a tenu deux fois la présidence du conseil, avec le portefeuille des affaires étrangères. Sept mois d’abord et quelques jours, du 24 juin 1885 au 6 février 1886. Après un court intermède Gladstone, il est redevenu premier ministre le 3 août 1886 ; il l’est encore. Sous ces deux cabinets a été inaugurée dans l’Afrique du Sud une politique impériale cherchant le juste milieu du laisser-faire des anciens libéraux, qui avaient probablement trop sucé le lait des économistes, au go ahead des anciens conservateurs, sans doute trop nourris de la moelle des lions. Elle parut partir du principe que l’atterrissement de l’Allemagne à la côte sud-ouest créait une situation digne de sollicitude et qu’un danger pouvant naître de discussions au sujet de la baie Valfich, il fallait, avant tout, franchement accepter le fait accompli ; puis localiser l’inconvénient, s’il y en avait un, le circonscrire, lui ouvrir au besoin des canaux dans une certaine direction ; enfin, soi-même agir, acquérir, dépenser même, montrer en un mot que le gouvernement britannique se sentait encore chez lui, mais tout cela d’accord avec la colonie du Cap, et, le plus possible, de compte à demi. Cela donné, la chose la plus urgente était de s’entendre avec l’Allemagne sur une limite d’influence au nord de l’Orange. Dans son cours inférieur, ce fleuve formait la frontière commune de la colonie du Cap et du protectorat germanique ; si les Allemands faisaient un pas de plus, absorbaient le Betchouanaland et soudaient leur nouveau domaine aux territoires des républiques hollandaises, la colonie se trouverait cernée. Il faut dire que déjà M. Gladstone avait été induit et même obligé à intervenir dans le. Betchouanaland, pour supprimer un état de trouble et de guerre propice à toutes les intrigues. La passion d’autonomie que le libéralisme anglais avait inoculée aux colons du Cap se retourna contre lui ; elle fit accuser M. Gladstone de violer ce grand principe : l’Afrique du Sud aux sud-Africains ! C’était presque de l’ingratitude : ainsi va le monde. Mais l’anarchie au Betchouanaland ne promettait rien de bon. Des boers y avaient fondé deux républiques, Stellaland et Gochen ; ils venaient surtout du Transvaal où leurs entreprises, favorisées, servaient une pensée d’agrandissement ; des chefs