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auraient à leur bord une étuve à désinfection et un médecin nommé par le gouvernement.

À l’aide de ces concessions réciproques, l’entente se fit, et la conférence parvint à se mettre d’accord sur les bases suivantes :

La visite des navires provenant de l’Inde et de l’extrême Orient aura lieu à Suez ; elle sera faite par quatre médecins au lieu d’un seul qui s’y trouve aujourd’hui, afin d’abréger la durée du séjour sur cette rade.

À la suite de l’araisonnement, ces navires seront divisés en trois classes : 1° ceux qui seront reconnus indemnes seront admis immédiatement à la libre pratique, quelle que soit la nature de leur patente, et continueront leur route ; 2° ceux qui auront eu des cas de choléra au moment du départ, ou pendant la traversée, mais qui n’en auront pas présenté depuis sept jours, seront déclarés suspects et formeront deux catégories : A. — Ceux qui auront à bord un médecin et une étuve à désinfection passeront le canal de Suez, mais sans communiquer avec la terre ; B. — Ceux qui n’auront ni médecin, ni étuve, iront aux eaux de Moïse, pour y subir la désinfection, et y passeront le temps que cette opération exigera ; 3° les navires qui auront le choléra à leur bord ou qui en auront eu des cas nouveaux depuis sept jours seront dits infectés et feront aux eaux de Moïse une quarantaine de cinq jours. Tous les passagers seront débarqués et le navire subira une désinfection complète. Toutefois, s’ils ont à bord un médecin et une étuve, ils pourront être autorisés à continuer leur route avant l’expiration des cinq jours, lorsque la désinfection aura été effectuée.

Quant aux paquebots-poste et aux transports de troupes, pour lesquels les Anglais avaient fait des réserves, lorsque la maladie n’aura envahi qu’un de leurs compartimens, on se bornera à le désinfecter et à débarquer les passagers qui y habiteront.

Le pèlerinage de La Mecque continuera d’être l’objet de dispositions spéciales, et les Hadjis iront, comme par le passé, purger leur quarantaine à Djebel-Tor.

Pour assurer l’exécution de ces mesures, on convint de créer à Suez un grand établissement international. Il comprendra quatre médecins qui y résideront en permanence, visiteront tous les navires, apprécieront leur état sanitaire et accorderont, quand il y aura lieu, les immunités dont il a été question plus haut. Ils seront les agens exécutifs du conseil sanitaire d’Alexandre, qui sera réorganisé, et ne renfermera plus que trois commissaires égyptiens, au lieu de neuf qu’il contient aujourd’hui. Le nombre de ses membres sera réduit de vingt-deux à dix-sept. Dans ces conditions, il sera réellement international.