Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 114.djvu/788

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soyons francs vis-à-vis de nous-mêmes : c’est bien là un plant de notre sol qui ne pouvait guère pousser ailleurs. Offenbach a beau être venu d’Allemagne et avoir cueilli des motifs dans les partitions d’outre-Rhin, c’est Paris qui l’a inspiré, Paris qui lui a fourni ses sujets, son style, sa musique pimpante et piquante. Tous les auteurs, compositeurs, acteurs de la Belle-Hélène et de la Grande-Duchesse, eussent été d’Israël que le genre n’en resterait pas moins français et parisien. Ici, comme d’habitude, les Juifs n’ont pas donné le branle, ils n’ont fait qu’entrer dans la danse.

Autre exemple : la chronique des journaux du boulevard, encore un genre frivole, spirituel à vide, ne spontanément en France. Là aussi plusieurs Juifs se sont fait un nom ou, ce qu’ils aiment mieux, se sont fait des rentes. C’est toujours même histoire, même souplesse et même faculté d’adaptation des fils de Juda. Journal ou théâtre, ils se montrent les plus Parisiens des Parisiens de Lutèce, et tous ces Parisiens parisiennans ne sont pas nés en France. Rien de plus divertissant à cet égard que la carrière d’Albert Wolf, le juif allemand, admiré pour son bagout, par tant d’ingénus, comme le type du journaliste parisien. On connaît le mot d’une jeune Berlinoise à un de nos compatriotes : — « Quel est, pour vous, en français, le meilleur style du jour ? N’est-ce pas celui d’Albert Wolf ? » — J’ai retrouvé cette opinion dans de graves feuilles anglaises ou américaines. Le plus drôle est qu’elle était partagée de nombre de Français, — de provinciaux, il est vrai. Israël a souvent fourni la presse, la nôtre surtout, d’acrobates de lettres, de pitres de journal, de clowns de feuilleton. Il singe, au besoin, le Français, né danseur, comme on sait, et il dépasse son maître ; il est plus Parisien, plus boulevardier que nature. Tristes exploits et vils triomphes pour les héritiers des prophètes et les descendans des Machabées ! Ils me rappellent ces ingénieux petits Juifs, bons à toutes les joyeuses besognes, les Grecs de l’empire, les Grœculi de Rome qui, après avoir, eux aussi, donné au monde des héros et des dieux, épuisèrent le résidu de leur génie à divertir l’ennui des Romains de la décadence. Mais non ; c’étaient leur frivolité vicieuse et leur corruption de peuple usé que ces Grecs d’Achaïe ou d’Ionie apportaient à Rome ; tandis que c’est notre propre frivolité, c’est notre pourriture et nos vices, appris et imités de nous, que, pour notre plaisir et pour leur profit, cultivent, chez nous, ces Hebraïculi, ces Judaïculi dégénérés. Ils nous versent, hélas ! de l’eau de notre fontaine et du vin de notre cru. Ce n’est ni des rochers du Carmel, ni des neiges du Liban que découlent la légèreté gouailleuse du Parisien, le scepticisme irrévérent du Français. Interrogez un étranger, un Anglais, un Allemand, voire un de nos amis russes. Il vous dira que cela tient au sol, à la race, à l’histoire, — au sang celte, à la