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suivre M. Vuillier en Sardaigne, de Porto-Torres à Sassari, de Sassari à Cagliari, de Cagliari à San-Mauro. Ici, ce ne sont plus les fidèles seulement, ce sont leurs bœufs avec eux qui suivent les processions, au nombre de parfois trois ou quatre cents «les cornes ornées d’oranges, de rubans, de petits miroirs ; des fleurs sur le front, et le cou agrémenté de foulards, de scapulaires, d’amulettes. » Mais il faut se borner ; et nous en avons dit assez pour inspirer à nos lecteurs la curiosité d’en savoir davantage, ou peut-être, à leur tour, le désir d’aller visiter ces Iles oubliées.

Les Souvenirs du capitaine Parquin[1] nous ramènent sur le continent, j’allais dire en Europe, et au temps des guerres de l’empire. On connaît l’histoire du capitaine ou du commandant Parquin, — car, après avoir été réformé en 1824, il fut fait en 1830 chef d’escadron de gendarmerie ; — Et l’on sait que la fin en a un peu gâté les beaux commencemens. Nous n’aimons pas à voir les commandans de gendarmerie prendre part à des « expéditions » comme celles de Strasbourg ou de Boulogne, et cette opinion personnelle est trop saine pour n’être pas généralement partagée. Après cela, comme il n’y est question ni de Boulogne ni de Strasbourg, mais d’Eylau et de Salamanque, nous louerons l’intérêt des Souvenirs du capitaine Parquin. Moins abondans que les Mémoires du général Marbot, moins « merveilleux, » si je l’ose dire, les Souvenirs de Parquin sont peut-être plus véridiques, d’une vérité moins ornée. Ce sont bien ceux aussi d’un officier de cavalerie, d’un chasseur ou d’un hussard de l’empire, dont la désinvolture même est une forme de l’héroïsme, quand elle est faite, comme la sienne, de mépris du danger, d’insouciance de la vie, et d’amour de la guerre. Les illustrateurs de ce beau volume l’ont bien compris, et ce sont de belles pages, bien militaires, bien françaises que celles où leur crayon a voulu rivaliser de vivacité avec le texte de Parquin. Il convient de les en remercier, comme aussi M. Frédéric Masson, qui s’est fait l’éditeur de ce livre. Mais quelle utilité de s’en prendre là-dessus, comme il fait, « à ce qu’on nomme la littérature ?» et depuis quand « les romans malsains |qui défigurent la face auguste de la Patrie « sont-ils toute « la littérature » ou seulement « de la littérature ? » Si l’épée a sa noblesse, — comme on eût dit au temps du capitaine Parquin, — la plume aussi peut avoir la sienne, et je consens que ses victoires aient parfois été désastreuses, mais l’épée n’a-t-elle toujours vaincu que pour la justice et pour l’humanité ?

On rapprochera tout naturellement des Souvenirs du capitaine Parquin le livre de M. L. Vallet : Croquis de cavalerie[2]. À la vérité, la forme

  1. Souvenirs du capitaine Parquin avec une introduction de M. Frédéric Masson ; dessins de MM. de Myrbach, Dupray, Walker, Sergent et Marius Roy, 1 vol. in-4o ; Boussod et Valadon.
  2. A travers l’Europe, Croquis de cavalerie, par M. L. Vallet, préface de M. Roger de Beauvoir. Ouvrage illustré de 300 gravures dans le texte et de 50 en couleurs d’après les dessins de l’auteur, 1 vol. grand in-4o ; Firmin Didot.