une erreur de principe que M. Sidgwick, le président du congrès de Londres, a pris la peine de combattre dans sa première adresse. La psychologie nouvelle accepte toutes les recherches qui ont pour point de départ une observation régulière de faits réels. La distinction que l’on introduit habituellement entre l’observation et l’expérience n’est point suffisante pour servir de caractéristique à une science. On ne saurait même pas établir en théorie une comparaison entre la valeur de l’observation et celle de l’expérience. Bien qu’on enseigne en général la supériorité de la méthode expérimentale, il serait dangereux de croire que la mainmise sur les conditions où se produit le phénomène à étudier donne plus de sûreté à cette étude et en éloigne les causes d’erreur. M. Sidgwick cite à ce propos un exemple intéressant : quelle que soit la portée que l’on accorde à l’hypnotisme comme méthode d’investigation, il est vraisemblable que l’on connaîtra mieux les conditions physiologiques des maladies de la mémoire en les étudiant dans le cas de lésions cérébrales qu’en les créant d’une manière artificielle par des expériences d’hypnotisme.
Ainsi, quand la psychologie nouvelle se qualifie d’expérimentale, elle n’entend nullement faire une distinction entre l’observation proprement dite et l’expérimentation ; elle prétend seulement donner une large place aux faits ; son caractère fondamental, c’est d’être une étude d’après nature.
Une des premières questions qui se posent pour la psychologie expérimentale est celle des rapports du physique et du moral ; question vieille comme le monde, qui a toujours excité la curiosité des philosophes ; on se rappelle avec quelle patience ils se sont demandé comment deux substances aussi profondément dissemblables que l’âme et le corps peuvent être unies et agir l’une sur l’autre ; ont-ils réussi à expliquer cette action ? Je ne sais. La psychologie contemporaine a une autre manière de poser les questions ; elle discute moins les principes et les causes, elle regarde -davantage les faits ; partant de ce fait d’observation qu’il existe une coexistence entre le cerveau et la pensée, elle a cherché à préciser, par tous les moyens possibles, comment certains détails de structure du cerveau peuvent nous éclairer sur la nature des phénomènes de conscience.
Il existe beaucoup de moyens d’aborder ce problème ; les uns cherchent, sur le vivant, à établir des relations entre le crâne et le cerveau, pour saisir ensuite les relations plus délicates du cerveau avec l’esprit ; ils mesurent le crâne dans tous les sens et appliquent le thermomètre sur les divers points de sa surface ; d’autres pèsent le cerveau chez les criminels, les aliénés, les idiots