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que le déclassement de certaines marchandises ou la concession de tarifs exceptionnels pour la petite vitesse, telles que la création de billets d’aller et retour, d’excursion et d’abonnement pour les voyageurs.

L’administration s’est toujours montrée opposée à l’abaissement général des tarifs. Aux demandes de ce genre qui se sont produites à plusieurs reprises dans le sein des assemblées parlementaires, le ministre des travaux publics a répondu d’abord par des atermoiemens ; en dernier lieu, saisissant l’occasion que lui offrait la diminution passagère des recettes, il a catégoriquement ajourné toute solution à une époque indéterminée.

Au point de vue financier, les chemins de fer ont donné à l’État des excédens de recettes considérables ; au lieu d’employer ces excédens, conformément au programme de 1879, partie à un amortissement sérieux de la dette des chemins de fer, partie à des améliorations de tarifs et de service, partie enfin à la constitution d’une réserve en prévision des mauvaises années, on les a déversées largement dans le budget général.

Peu à peu, les recettes du chemin de fer sont devenues l’élément primordial, essentiel des ressources du trésor, élément qui, par son caractère variable et aléatoire, a apporté le trouble et l’instabilité dans le budget. Pendant un certain nombre d’années, le produit net des voies ferrées a été en croissant ; on a fait état de ces plus-values comme si elles étaient définitivement acquises, et elles ont servi de prétexte à l’augmentation continuelle des dépenses de l’État. Puis, les mauvaises années sont venues ; la diminution des recettes du chemin de fer a entraîné le déficit du budget, et la nécessité d’atténuer autant que possible ce déficit & imposé l’obligation d’apporter la plus grande parcimonie dans l’exploitation du réseau et de se montrer plus réservé que jamais en matière de réformes.

Telles sont les principales conclusions qui se dégagent de l’étude qui précède ; elles paraissent présenter quelque intérêt en ce qu’elles reposent sur des faits et non sur des considérations théoriques, et elles seront peut-être de nature à faire apprécier avec plus de réserve les prétendus avantages de l’exploitation des chemins de fer par l’État.


ALFRED MANGE.