à la fin de 1809, le roi de Hollande n’avait cédé qu’avec la plus grande répugnance à une invitation qui ressemblait à un ordre ; il s’attendait aux désagrémens qui lui étaient réservés et aux attaques qu’il aurait à supporter. Sa fermeté fut mise à de rudes épreuves. La négociation entre lui et Napoléon n’était pas un simple débat diplomatique, c’était une affaire de famille et elle avait toute l’aigreur qui se mêle habituellement aux dissensions domestiques. Madame mère intervenait souvent entre ses fils, et ce fut à cette occasion que parut pour la première fois, sur la scène politique, un homme que, depuis, nous avons vu appelé à y figurer d’une manière fort brillante. M. Decazes, attaché au cabinet de Madame, avait été, à plus d’une reprise, envoyé par elle en Hollande pour porter des paroles au roi, et il avait gagné à ces missions d’être nommé secrétaire des commandemens de ce prince. Il paraît qu’il sut se rendre agréable et utile aux deux parties. Enfin le malheureux Louis fut obligé de consentir au traité qui le dépouillait d’une partie de ses États, l’astreignait, pour le reste, à conserver une garnison française destinée à surveiller l’engagement qu’il venait de prendre d’empêcher tout commerce entre la Hollande et l’Angleterre. Or cet engagement était impossible à tenir, surtout si on prétendait le faire exécuter en toute ligueur.
Le roi Louis s’était flatté, il le prétend du moins et on ne sait trop pourquoi, qu’on userait de ménagemens. Ce fut le contraire qui arriva. Les troupes françaises qui, lors de l’invasion anglaise, étaient entrées dans le royaume pour en assurer la défense, non-seulement ne se pressaient pas de l’évacuer, mais resserraient de plus en plus la capitale, qu’elles investissaient en quelque sorte et dans laquelle on s’attendait, à tout moment, à les voir entrer. Une armée de douaniers français concourait aussi à ce blocus.
L’ambassadeur fut remplacé par un simple chargé d’affaires. Le roi de Hollande reçut une lettre de son frère dans laquelle on trouva ces phrases : « Je ne veux plus d’ambassadeur de Hollande à Paris. Je ne veux pas que vous envoyiez de ministre en Autriche. Je ne veux pas non plus que vous renvoyiez les Français qui sont à votre service ; ne m’écrivez plus vos phrases ordinaires : voilà trois ans que vous me les répétez, et chaque instant en prouve la fausseté. C’est la dernière lettre de ma vie que je vous écris. »
Enfin le roi Louis, fidèle en cela à ses engagemens, était à Harlem, occupé à surveiller tous les préparatifs qu’il faisait alors contre l’Angleterre, et l’armement de la flotte qu’aux termes du dernier traité il devait équiper, lorsqu’il apprit la demande d’occupation d’Amsterdam formée par le commandant des troupes françaises. Son indignation ne connut plus de bornes, et, s’il faut