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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 117.djvu/909

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conflits. » Alors, comment faire pour les résoudre ? Dans l’empire allemand, « le conseil fédéral essaie d’abord de résoudre le conflit diplomatiquement, en s’entendant avec l’État intéressé. S’il échoue, la législation impériale, émanée des deux conseils, prononce et l’on sait que l’empire peut faire exécuter lui-même ses décisions. »


VI.

Deux faits sont à retenir : 1° le vice organique de l’État fédératif, c’est le conflit toujours imminent ; 2° l’empire allemand, l’État fédératif allemand est issu d’une confédération qui était comme « un compromis entre les États secondaires et les deux grandes puissances de l’Allemagne. » Si le conflit éclatait avec violence, devenait aigu et ne pouvait être résolu diplomatiquement, il y aurait trois solutions possibles. Ou les États particuliers reprendraient chacun sa liberté, ou l’on retournerait à la confédération pure et simple, ou l’État fédératif actuel s’achèverait, se transformerait en État parfait.

Croire sincèrement à la première solution suppose un peu de naïveté et l’ignorance totale de ce que sont les Allemands et de ce qu’à leurs yeux est l’Allemagne. Pour si forts qu’on tienne les sentimens particularistes, — et l’on est trop porté à les dire très forts, — quel que puisse être l’antagonisme entre l’esprit allemand du Nord et l’esprit allemand du Sud, il y a pourtant un esprit allemand et quelque chose de plus fort que les sentimens particularistes : le sentiment de la grande Allemagne. Une Allemagne moins surmenée, financièrement et militairement, beaucoup peut-être la désirent ; une Allemagne en miettes, personne n’en voudrait et n’en veut.

Quant à revenir à la confédération de 1815, ce serait aller au rebours de l’histoire. Le système des confédérations est vieilli et abandonné. « La confédération est une forme ancienne et désormais impraticable. Au moyen âge, elle se dissolvait parfois en États pleinement indépendans, comme celle des villes hanséatiques. Aujourd’hui, elle resserre ses liens et devient un État fédératif. »

Mais écoutez encore les théoriciens. L’État fédératif lui-même n’est qu’un « compromis, » qu’une forme transitoire. « La logique des choses est naturellement si puissante qu’elle pousse l’État confédéré vers l’unité pleine et entière du pouvoir et de la souveraineté. » La destinée de l’État fédératif, « c’est de passer à l’unitarisme par la réduction des États particuliers en provinces d’un seul État. » L’empire allemand n’échappe pas à cette loi. « Plusieurs considèrent l’opposition de l’Empire national et des États