— Michaïl !
Michaïl ne bougea pas. Alors l’infirmier fit un geste de la main et s’en alla.
Paschka, pour se distraire, s’occupa du vieillard, qui ne cessait de tousser. Il remarqua que cette toux produisait des sons très étranges, mais ce qui l’amusait le plus, c’était lorsque le vieillard respirait profondément après ces quintes ; dans sa poitrine quelque chose commençait drôlement à siffler et à chanter.
— Grand-père, qu’est-ce qui siffle comme cela chez toi ? Demanda Paschka.
Le vieillard ne répondit pas. Paschka attendit un peu, puis demanda encore :
— Grand-père, où donc est le renard ?
— Quel renard ?
— Le renard vivant.
— Où peut-il être ? Dans la forêt sans doute.
Et le docteur toujours n’arrivait pas. Il commençait à faire nuit et Paschka comprit qu’il était trop tard pour aller à la foire. La servante vint apporter les tasses et le gronda d’avoir mangé son pain, qui était destiné pour le thé.
Paschka s’étendit sur son lit en essayant de penser au pain d’épice et au renard. Il se sentait un peu triste. Dès qu’il ferma les yeux, il vit l’intérieur de sa chaumière ; il y faisait sombre et chaud et de derrière le grand poêle partait la voix grondeuse de la vieille grand’mère Yegorova. Au moment où il allait pleurer, il se souvint que sa mère viendrait demain le prendre. Alors il sourit béatement et s’endormit.
Un bruit étrange le réveilla.
Plusieurs hommes marchaient, parlaient dans la chambre à côté. Paschka reconnut, à la lumière des veilleuses, qu’ils tournaient autour du lit de Michaïl.
— Faut-il l’emporter avec son lit ? demanda une voix.
— Non, le lit ne passerait pas. En voilà un qui aurait pu attendre jusqu’à demain pour trépasser.
— Que la paix éternelle soit avec lui ! dit le paysan à la tête de femme.
Un des hommes prit Michaïl par les épaules, un autre par les pieds, le troisième fit le signe de la croix sur sa tête, puis ils l’emportèrent ainsi, en trépignant lourdement des pieds et Paschka remarqua que les mains de Michaïl et les pans de sa robe de chambre traînaient tout le temps par terre.
La chambre resta silencieuse ; de la poitrine du vieillard endormi sortaient seulement des sifflemens et des chants étranges, comme si plusieurs personnes s’y fussent parlé. Paschka écoutait, et peu à peu la peur le prit.