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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet.

Le parlement, après le vote par le sénat du budget de 1894, a clôturé sa session ordinaire et le Journal officiel a aussitôt publié le décret fixant au dimanche 20 août les élections générales pour la prochaine chambre des députés, dont le mandat commencera au mois d’octobre et durera jusqu’au 31 mai 1898, c’est-à-dire exceptionnellement quatre ans et huit mois ; par suite d’une décision récente qui a pour but de reporter désormais, à l’époque de l’éclosion des roses, le renouvellement des législateurs qui, depuis une quinzaine d’années, se faisait au moment de la chute des feuilles.

La période électorale de vingt jours sera donc légalement ouverte à l’heure où paraîtront ces lignes, et les industries spéciales auxquelles la poursuite des suffrages, la fabrication du député, donne un surcroît de travail, seront dans leur premier coup de feu. Journalistes improvisés, colleurs d’affiches ou copistes de bandes, imprimeurs, marchands de vin et agens distributeurs de factums, entreront en campagne. Les programmes des candidats couvriront les murs, programmes initiaux, que leur auteur a médités depuis trois mois ou davantage, rédigés d’une plume calme, à tête reposée, non sans quelque forme littéraire et quelque recherche de style, selon les moyens de chacun. Pour les députés sortans, c’est l’occasion de vanter leur conduite, de mettre en relief leurs meilleurs votes et leurs projets de loi les plus populaires, ceux qui se rapportent exclusivement aux intérêts locaux ; car la masse des électeurs apprécie surtout les petits services qui les touchent directement : subventions, chemins de fer, augmentations de traitement, etc. C’est maintenant que le représentant particulariste a lieu de se féliciter d’avoir su plus d’une fois sacrifier le bien général du pays à ses points de vue de clocher, et d’avoir réclamé à grands cris des économies et des réformes nationales, en s’opposant énergiquement aux réformes et aux économies spéciales dont sa réélection aurait pu souffrir.