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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le ministre des finances, interrogé au sénat dans les derniers jours de la discussion du budget sur les premiers résultats de la loi frappant d’un impôt les opérations de Bourse, a répondu que le rendement pour le premier mois d’application avait été très satisfaisant et que l’impôt, selon toute vraisemblance, donnerait plus que le montant pour lequel il avait été inscrit au budget de 1894, soit 7 millions. Il est ainsi avéré que, malgré toutes les doléances, il se fait encore sur le marché de Paris d’assez importantes opérations de Bourse ; la spéculation a le champ libre et un certain genre d’opérations seulement se trouve entravé, celui des négociations de pur jeu roulant sur les petites primes pour le lendemain ou sur l’échelle établie sur des différences infinitésimales de cours.

Toutefois un ralentissement des affaires est manifeste ; un grand nombre de valeurs, qui étaient autrefois l’objet de négociations régulières à terme, ne se cotent plus qu’au comptant, où même on ne voit que rarement figurer leurs prix. La spéculation a successivement abandonné les actions des chemins étrangers, Autrichiens, Lombards, Nord de l’Espagne, Saragosse, ses valeurs favorites d’antan, puis toutes les actions de nos grandes compagnies de chemins de fer, sauf peut-être le Lyon et le Nord, puis les valeurs industrielles, sauf le Suez, enfin les titres de tous les établissemens de crédit. Ce dernier marché est absolument abandonné, les transactions y sont des plus insignifiantes, le public ayant peu de goût pour ces titres et la spéculation ne les connaissant plus comme élémens possibles de combinaisons. Où est le temps que les actions de la Société générale, du Crédit mobilier espagnol, de la Banque des pays autrichiens et de tant d’autres banques étaient achetées ou vendues chaque jour par centaines ?

Les spéculateurs ont encore abandonné l’amortissable et le 4 1/2 pour 100 ; ils ne s’occupent plus que de la rente 3 pour 100, de quelques fonds étrangers comme l’Italien, l’Extérieure, l’emprunt russe d’Orient en roubles crédit, le Turc, et, accidentellement, d’un petit nombre de valeurs, comme la Banque ottomane, le Rio-Tinto, les mines De Beers. Même les fonds d’États comme les rentes or de Russie, le 4 pour 100 de Hongrie, l’Unifiée et la Privilégiée d’Egypte, le Portugais 3 pour 100, l’Argentin 5 pour 100, la Priorité, l’obligation Douanes et l’obligation consolidée de Turquie, ne fournissent plus d’aliment qu’aux petites