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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 120.djvu/105

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tandis que, primitivement, il fallait les chercher au bureau du Vooruit, enfin le paiement des bénéfices se faisait en espèces, tandis que au Vooruit il se fait en bons de consommation[1].

Catholiques ou socialistes, institutions vraiment populaires ou institutions de patronage, ces grandes coopératives belges reposent sur un fondement dont il est difficile d’évaluer la résistance et la durée. C’est le sentiment, l’enthousiasme, l’esprit de corps, de secte ou de foi, qui groupent leurs adhérens et leur procurent des recrues. Est-ce un ciment assez durable pour que ces sociétés soit assurées d’une solidité prolongée ? Certes, si maigres que soient au point de vue positif les renseignemens qu’on nous fournit, le Vooruit a dû être administré par des hommes capables, en même temps qu’il était soutenu par le prosélytisme politique. Il semble que l’on se trouve là en face d’institutions qui ont, en partie le caractère de certaines fondations monastiques ou religieuses du moyen âge. Il en est de même des coopératives formées par les Mormons dans l’Ouest américain, qui sont à peu près les seules sociétés de ce genre, d’après M. Amos Warner, ayant obtenu un grand succès dans cette partie du monde. Toutes ces sociétés sont, d’ailleurs, très récentes et l’on ne saurait rien en induire pour l’avenir du principe coopératif.

De ces trois formes, qui ont pour types divers la société des Equitables Pionniers de Rochdale, le Vooruit de Gand et l’Association de l’Armée et de la Marine (Army and Navy Stores) ou l’Association des employés du Service civil (Service civil Store), la troisième est la seule qui représente le type économique pur ; la première peut, cependant, prendre une certaine extension ; la deuxième paraît correspondre à des circonstances exceptionnelles et fugitives.

Depuis 1844 qu’avec les Équitables Pionniers elle fit un début éblouissant, la coopération de consommation ou de distribution, comme disent nos voisins, s’est beaucoup développée en Angleterre. Les chiffres les plus récens indiquent 1 624 sociétés, comprenant 1198 369 associés, ayant un capital de 331 462 0530 francs, faisant un chiffre d’affaires (ventes annuelles) de 1 214 294 650 francs et réalisant 119 350 50 francs de bénéfices[2]. Le chiffre du capital, s’il est entièrement versé, paraît bien élevé pour le chiffre des affaires, puisqu’il ne se renouvellerait pas quatre fois par an. Cela tient peut-être à ce que beaucoup de ces sociétés possèdent leurs locaux et aussi sans doute à ce que les actions de certaines ne sont pas entièrement libérées. On dit que ces sociétés ne comprennent

  1. Sur les Coopératives catholiques en Belgique, consulter les articles de M. Hubert Valleroux, dans l’Économiste français, en 1892.
  2. Almanach de la Coopération française pour 1893, p. 90.