Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 120.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que celles qui sont affiliées à la Fédération et que les magasins des employés et fonctionnaires de l’Armée et de la Marine ou du Service civil de Londres n’y figurent pas. Ce serait 146 millions à y ajouter (5 836 735 livres sterl.) pour ce dernier groupe de sociétés[1].

Le chiffre de plus de 1 200 millions d’affaires est considérable ; il ne représente, toutefois, que la trentième partie environ des consommations de toutes sortes du Royaume-Uni, c’est-à-dire de l’ensemble des dépenses des habitans ; mais, en ce qui concerne spécialement certains articles, comme l’épicerie, la boulangerie, la quincaillerie, les articles de ménage, le combustible, les vêtemens communs, la chaussure, etc., la proportion de ce qui revient aux sociétés coopératives serait notablement plus forte. D’autre part, il est probable que, dans ce chiffre de 1 200 millions d’affaires, il se glisse certains doubles emplois qui peuvent atteindre une importance considérable. Ainsi, outre les sociétés coopératives vendant directement aux consommateurs, il y a des sociétés coopératives supérieures, ce que l’on appelle les Wholesales, qui achètent en gros et revendent aux sociétés coopératives détaillantes en se contentant d’un faible bénéfice. Le Wholesale d’Ecosse, par exemple, fondé en 1868, a vendu en 1891 aux sociétés coopératives de la même contrée pour 70 700 000 francs de marchandises, sur lesquels ses gains propres représentaient 2 227 000 francs. Les Wholesales d’Angleterre font des ventes infiniment plus considérables[2]. Il est probable que, dans les tableaux fournis par les sociétés de coopération, les ventes des Wholesales ou magasins en gros sont additionnées avec celles des sociétés de ventes au détail ; il y aurait là un double emploi manifeste qui pourrait réduire d’un bon tiers, sinon de plus, l’importance réelle des affaires des sociétés coopératives de consommation, c’est-à-dire de leurs ventes au public.

Le mouvement coopératif, en ce qui concerne les sociétés de consommation, s’est répandu dans la plupart des pays. En Allemagne, les grands initiateurs, notamment Schulze-Delitzsch, donnèrent à la coopération une autre direction, en la portant vers les sociétés de crédit, et Schulze Delitzsch considérait même le succès des sociétés de consommation comme assez malaisé, ainsi qu’on le verra plus loin. On comptait, néanmoins, en 1891, 1 122 sociétés coopératives de consommation en Allemagne ; mais, quoiqu’il s’en trouve quelques-unes de très importantes, comme celle de Breslau, la généralité des autres semble assez modeste. Ainsi, 302 seulement de ces sociétés, sans doute les principales, avaient fait connaître

  1. Voir The Statist., 15 avril 1893, page 400.
  2. Almanach de la Coopération française pour 1893, p. 75.