sont, depuis l’arrivée du phylloxéra, âpres et nues ; c’est au-delà seulement de la zone, naguère encore prospère et cultivée, que par endroits le roc est tout enfoui sous les bruyères géantes, les cystes et les chênes verts.
Parmi tous nos laboratoires français, si je choisis celui de Banyuls pour le comparer à la station de Naples, c’est que d’abord il est assez complètement organisé pour donner matière à comparaison, et que de plus, Naples et Banyuls étant soumis au même régime de mer sans marée, les mêmes procédés se sont imposés pour la recherche des animaux ; des nécessités pareilles ont produit, dans l’ensemble au moins, le même équipement.
Sauf pour « la flotte », qui est à peu près équivalente dans les deux cas, il faut, pour évaluer Banyuls d’après Naples, réduire les dimensions au quart : cela ne veut pas dire que les ressources offertes par notre station nationale soient quatre fois moindres que celles de la station internationale ; il faut comprendre seulement que les mêmes moyens de recherches, place, matériel, instrumens, ne peuvent être fournis qu’à un nombre de travailleurs quatre fois moindre. — Douze à quinze zoologistes réunis en même temps suffiraient à remplir le laboratoire Arago.
Il serait injuste de laisser croire que la station de Banyuls, fondée en 1884, représente toute l’œuvre de M. de Lacaze-Duthiers. Bien avant cette époque, dès 1872, notre compatriote avait fondé à Roscoff un laboratoire aujourd’hui aussi florissant que celui de Banyuls ; et je demande la permission d’en dire quelques mots, pour faire comprendre commenta Naples et à Banyuls, sous deux directions différentes, on trouve réalisé le même type d’organisation, tandis qu’à Roscoff et Banyuls, sous la même direction, deux types différens se révèlent. La diversité tient d’une part à la différence de latitude et de climat ; d’autre part et surtout, à la différence de régime des mers explorées. La différence de latitude fait de Roscoff un centre de travail favorable pendant l’été ; Banyuls est plus propice l’hiver, c’est tout simple. — Le caractère des mers spécialise plus profondément chaque laboratoire : dans la Méditerranée, à niveau presque constant, il faut un important matériel de pêche et de dragage, et l’on a peu l’occasion d’étudier les animaux en place et chez eux. Au contraire, la mer de Bretagne, « la mer sauvage », deux fois le jour se retire, laissant derrière elle mille flaques remplies d’animaux épanouis, mille cailloux enduits d’êtres de toutes sortes rampans ou fixés, mille récifs en surplomb au-dessous desquels pendent de fantastiques enchevêtrements d’algues et d’alcyons. En suivant le flot, le jeune naturaliste voit les découvertes fourmiller sous ses pieds ; les livres lus, les cours suivis, s’animent et palpitent de vie ; la beauté des couleurs