faciles… Je sens dans mon cœur toutes les dispositions nécessaires pour rendre ferme, solide, durable et très estroite l’amitié dont il tesmoigne désirer l’establissement entre nous[1]. »
Il semble difficile d’aller plus loin ; mais à Paris on voulait plus : une lettre, dont on envoie la minute, « pour faire voir à M. le Cardinal »[2] ; ce billet mettait celui qui l’aurait signé à la merci du ministre.
M. le Prince retire la main qu’il tendait ; il ne saurait « bazarder de se perdre avec ces gens icy »[3]. Là est le péril qui reparaît toujours dans ses préoccupations, le point d’honneur qui surtout le retient et dont ses amis, pressés de rentrer en France, voudraient le voir affranchi. « Si le cardinal Mazarin agit sincèrement, comme je le crois, écrit Gaillet[4], comment ne presse-t-il pas la conclusion ? M. le Prince se laissera surprendre par tous les tesmoignages que les gens de ce pays luy donnent de leur passion ; ils ont esté extraordinaires, et depuis les plus grands jusques aux plus petits… Si M. le Prince quitte ces gens cy, le pays est perdu sans ressource ; cela devroit décider Mazarin. »
Condé résume toute la négociation et précise les questions à résoudre dans une lettre remarquable[5] dont nous citerons quelques passages : « M. le Cardinal agit en habile négociateur, comme il est, à qui les paroles ne coustent rien, mais non pas en homme qui ayt bonne envie de s’accommoder… Il est certain que l’honneur du Roy ny celuy de son ministre ne peuvent estre blessés par une amnistie en forme ordinaire, dont l’effet naturel est de restablir en mesme estat qu’auparavant ceux à qui le Roy la donne ; on n’a jamais refusé ces conditions à personne dans la plus grande misère des partis et dans le plus meschant estat des princes armés ou seulement retirés du royaume… Je ne doute nullement que M. le Cardinal ne veuille s’acquérir cet avantage de me voir, si je retournois en France, despendre de luy et luy faire la cour pour ravoir ce qui m’apartient, qu’il me donneroit pièce à pièce ; mais quelque espérance qu’il veuille insinuer de cette restitution, et mesme quelque asseurance positive qu’il en donnast à Nestor, il seroit plus sûr pour l’un et pour l’autre de ne pas nous accommoder à ces conditions ; car dans l’attente des choses promises. M. le Cardinal me feroit languir asseurément ; son moindre mauvais procédé me jetteroit dans la desfiance et
- ↑ M. le Prince au comte d’Auteuil ; Gand, 21 décembre 1657. A. C.
- ↑ A. C.
- ↑ M. le Prince au comte d’Auteuil, 28 décembre 1657. A. C.
- ↑ Au comte d’Auteuil, 24 décembre 1657. A. C. — « M. Viole est résolu, ajoute Caillet, si cette affaire se rompt, de ne se mesler plus de rien et attendre avec patience la miséricorde de Dieu. »
- ↑ Au comte d’Auteuil, 18 janvier 1658. A. C.