ont le plus grand besoin de laboureurs. Les indigènes de toute caste travaillent bien par momens ; cela dure peu. Très enclins au dolce farniente, ils règlent leur existence de façon à paresser le plus possible.
Autrefois, le climat du haut Laos était réputé très malsain ; depuis qu’il a été étudié, cette opinion s’est modifiée, et il a été reconnu plus salubre que celui du Siam et de la Cochinchine. Ce n’est pourtant jamais impunément que l’Européen séjourne dans les forêts encore non exploitées qui s’y trouvent ; il y est pris de fièvres lentes par lesquelles les tempéramens les plus robustes sont détruits. Le colon assez téméraire pour assister en personne à un défrichement de forêt, peut compter les jours qui lui restent à vivre aussi sûrement qu’un condamné à mort. Il est des exceptions ; c’est ainsi que M. Arman Bryce, l’un des membres les plus distingués du Royal colonial Institute, a raconté qu’il avait passé de nombreuses journées dans le haut Laos sans être malade ; il eût dû ajouter qu’il n’en avait pas été de même de ses compagnons qui tous ont été frappés.
Les produits du sol que baigne le Mékong sont aussi variés que le climat. Dans le Sud, le plus important de tous est le riz qui couvre de ses blonds épis de grandes étendues. La canne à sucre se cultive sur une très petite échelle, quoique le terrain lui soit favorable, et que les indigènes aiment les sucreries avec passion. Leur indolence habituelle les oblige à faire venir de l’Inde anglaise et des îles de la Sonde des cannes et des palmiers aux sucs emmiellés. On y cultive un tabac léger d’arôme ; tout le monde fume, depuis le bambin qui commence à se tenir debout jusqu’au vieillard qui se traîne. Rien n’est plus comique que de voir un petit être nu comme un ver, ayant à l’oreille, — l’oreille est son porte-cigare comme elle est le porte-monnaie des Tagales des Philippines, — une carotte de tabac faite de feuilles roulées.
Dans le Laos moyen, c’est l’arbre à thé qui forme la principale culture ; le Fils du Ciel ne boit que le thé d’Ipang qui s’y cultive ; une autre qualité est goûtée par les indigènes, mais la saveur n’en plaît guère aux Européens. Un Laotien ne croit pas avoir fait un bon repas, s’il n’en a pas absorbé de nombreuses infusions.
Un arbre qui est pour les marines militaires la meilleure des essences forestières, le teck, se trouve dans les hauteurs des deux Laos. Il possède une huile essentielle qui le préserve de l’humidité, et défend le fer de la rouille quand il s’y trouve encloué. Il reste impunément exposé à la grande chaleur ou au contact de l’eau sans se fendre ni se pourrir ; de plus, il résiste au ver blanc