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qui, en Asie, ronge toutes les charpentes, les meubles, et surtout les caisses en bois blanc d’Europe. Indépendamment du cocotier, du bananier, du manguier, de l’oranger et de l’ananas, l’aréquier croît dans le Sud. Ce conifère, soit qu’il se lève au-dessus des rizières, d’un massif d’hibiscus, ou qu’il dresse sa tige élancée et gracieuse au sommet d’une colline, réjouit partout les yeux par son bouquet de fines palmes et ses fruits dorés. Comme tous les indigènes mâchent la feuille du bétel dans laquelle un morceau de la noix de l’aréquier se trouve enveloppé, la culture en est grande.

La poudre d’or se trouve dans les sables de plusieurs rivières. Si elle est rare dans la poche de ceux qui furent les sujets des rois birmans, dans celles des Siamois et de leurs tributaires du Nord, elle brille au soleil en lames épaisses sur les toits sextuples des palais royaux, dans l’intérieur des pagodes, ou tout simplement, comme à Luang-Prabang, au sommet d’une pyramide élevée au centre d’une place publique. Le cuivre est en telle abondance dans les États laotiens, que les toitures des anciens temples en sont encore couvertes. L’étain ne se rencontre qu’au sud de la presqu’île de Malacca, la Chersonèse d’Or de Ptolémée. Il se montre tout le long des couches granitiques de la province de Tennassérim jusqu’aux îles des détroits de la Sonde, où les Célestes l’exploitent sur une grande échelle. L’huile de pétrole y est connue et utilisée depuis une époque fort lointaine, bien longtemps avant sa découverte en Pensylvanie.

Ce qui fait de ces régions une des plus riches contrées du monde, ce sont ses pierres précieuses et ses nombreux éléphans. Les mines de Mogung, au pays montagneux de la haute Birmanie, ont été les seules qui pendant des siècles aient fourni le véritable rubis de l’extrême Orient. L’ex-roi Thibô de Mandalay en portait un à son doigt du poids de 80 carats lorsque les soldats anglais lui mirent la main au collet. Pendant longtemps, Mogung et Ceylan avaient eu le privilège de fournir des saphirs à l’Europe, mais depuis la découverte de nouvelles mines à Bankok et dans l’Himalaya, non loin de Simla, cette pierre a beaucoup perdu de sa valeur. Il est un autre minéral d’un rapport autrement important que celui du rubis et du saphir, c’est le jade, serpentine d’un blanc verdâtre, dont les gisemens se trouvent à l’ouest de Mogung, dans la vallée de l’Oron, un des affluens du Chindouin. Les mines sont travaillées par les sauvages Kakhyens, et leurs produits sont achetés par les Chinois qui, comme les Juifs avec lesquels ils ont de nombreux points de ressemblance, aiment beaucoup et ce qui a de la valeur et ce qui brille. On en