Coopérations catholiques[1]. L’auteur américain de Three Phases of Co-operation in the West ne trouve guère à citer dans son pays qu’une catégorie de sociétés coopératives ayant eu un véritable succès, ce sont celles qui ont été fondées par les Mormons et qui ont en partie un caractère religieux[2]. Dans ces différens cas, ces institutions, tout en pouvant être encore utiles au point de vue matériel et même au point de vue moral, courent le risque de dévier de leur but apparent. Le groupement n’étant plus simplement économique, elles tendent à devenir des machines de guerre et des organisations plus ou moins factices. En tout cas, le prosélytisme politique ou religieux qui les soutient et les rend florissantes pendant un certain temps peut soudain les abandonner et les laisser choir.
Les sociétés coopératives de consommation ont d’autant plus de chances de se constituer avec succès qu’elles sont des créations locales, émanant d’hommes qui se connaissent, qui ont le même genre de vie, les mêmes intérêts, par conséquent aussi les mêmes besoins et qui peuvent facilement, sûrement, choisir parmi eux des gérans ou employés et les surveiller[3].
Une fois parvenues à un certain succès, elles ont un penchant et elles trouvent un avantage à s’entendre les unes avec les autres et, sans se confondre, à former des fédérations qui se prêtent un appui mutuel. Il advient alors qu’elles créent des magasins centraux d’approvisionnement, ce que l’on appelle des wholesale societies ; elles ne font plus seulement alors le commerce de détail, mais aussi celui de gros. Parfois également elles se mettent à fabriquer quelques-uns des produits qu’elles vendent.
Il peut être utile de jeter un coup d’œil sur le développement de trois types différens de ces associations : on peut prendre, pour exemples : la grande Coopérative Anglaise, Army and Navy Stores ; puis la célèbre Société des Equitables Pionniers de Rochdale, enfin la Coopérative belge socialiste, le Vooruit. La première représente le type le plus pur, le plus simple, le plus strictement économique ; la seconde, le type mixte où la conception morale et sociale pénètre l’institution au même degré que la conception
- ↑ On peut consulter dans l’Économiste français, en 1892, les articles que M. Hubert Valleroux a publiés sur les Coopératives catholiques en Belgique. Quant aux Coopératives socialistes dans le même pays, notamment le Vooruit, de Gand, elles ont été souvent décrites. L’Almanach de la Coopération française pour 1893 contient une intéressante histoire du Vooruit, due au socialiste belge bien connu M. Anseele.
- ↑ Amos Warner, op. cit., 106 à 119.
- ↑ Nous ne voulons pas dire par là que les Sociétés de consommation ne doivent pas s’adresser à quelque agence centrale bien constituée qui leur donne des avis sur l’organisation et le fonctionnement de leur entreprise ; mais il est bon qu’au début elles soient formées entre gens ayant déjà quelques relations ensemble.