Après une crise de vingt-deux jours, et même une crise double, car l’honorable M. Zanardelli a fait dans l’intervalle un cabinet qui ne s’est peut-être pas défait tout seul, l’Italie a un ministère, le second de M. Crispi, le dixième depuis l’occupation de Rome, le quarante-deuxième depuis la promulgation du Statut de Charles-Albert. On sait que le premier ministère Crispi a duré trois ans et demi, du 7 août 1887 au 6 février 1891. Le second est né le 15 décembre 1893 ; c’est, pour l’instant, tout ce qu’on en peut sûrement savoir. Il nous a paru de quelque intérêt de rappeler les faits qui ont amené la chute de M. Giolitti, les incidens qui ont marqué la tentative de M. Zanardelli, les circonstances, les conditions dans lesquelles s’est formé le second cabinet de M. Crispi. Par-dessus tout, il nous paraît d’un grand intérêt de rechercher si M. Crispi est le même en 1894 qu’en 1887, si l’Italie est restée la même, ou si tous deux se sont modifiés, et ce qu’il y a, pour la paix générale, à craindre ou à espérer de ce changement. Nous le ferons d’autant plus volontiers que, a priori, les raisons d’espérer nous semblent être bien plus nombreuses et bien plus fortes que les raisons de craindre. Ce que nous allons chercher, ce que nous voudrions trouver, c’est une raison un peu précise à toutes ces raisons un peu vagues. S’il y en a une, ce ne saurait être peine perdue d’y remonter et de la faire ressortir.
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LA CRISE ITALIENNE
ET LE
NOUVEAU MINISTÈRE CRISPI