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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 122.djvu/125

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Bien qu’elle ait toute l’allure aventureuse et picaresque d’un roman de cape et d’épée, l’histoire de la Nonne Alferez est une histoire vraie. Elle sent même parfois terriblement fort la vérité. Catalina de Erauso a vécu, d’une vie exaspérée, comme disent les Espagnols. Le récit qu’elle en écrivit, de sa main plus dextre à manier l’épée que la plume, étonna ses contemporains. De graves historiens font mention de cette femme extraordinaire. Une première et une seconde Relacion de ses exploits et hauts faits furent publiées coup sur coup, en 1625, à Madrid par Bernardino de Guzman et à Séville par Simon Faxardo. Lorsqu’elle revint en Espagne, l’élève bien-aimé du grand Lope, Juan Ferez de Montalvan, composa et fit jouer à la cour sa Comédie fameuse de la Monja Alferez. Enfin, en 1829, M. Joaquin Maria de Ferrer imprima à Paris, chez Jules Didot, d’après un manuscrit de l’historien Munoz, le texte complet de l’Historia, accompagné de nombreuses notes et de force pièces justificatives : actes de baptême, extraits de registres conventuels, attestations, états de services, enquêtes, requêtes, certificats et décrets royaux. Ce petit livre est aujourd’hui des plus rares. Il s’ouvre par une longue préface où l’éditeur, après avoir savamment disserté sur les sphinx, les hippogriffes, les acéphales, les androgynes et les hermaphrodites, compare Doña Catalina aux femmes illustres de tous les temps, à Sapho, à Aspasie, à Portia, à sainte Thérèse et à Mme de