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DIEGO VELAZQUEZ

PREMIÈRE PARTIE[1]

Les souverains de l’Espagne, au temps de sa splendeur comme au moment de sa décadence, s’étaient à l’envi attachés à acquérir pour leurs collections des ouvrages choisis de ses peintres le plus en renom. Mais quelle que soit la grandeur de ces différens artistes, on ne trouve rien d’eux au musée du Prado qu’on ne connaisse en quelque sorte, car, dans les galeries de l’Europe entière la plupart d’entre eux sont représentés par des productions équivalentes ou même supérieures. Il en est autrement de Velasquez. Si à Rome, à Dresde, et en Angleterre, on a déjà eu l’occasion de rencontrer quelques-unes de ses toiles les plus remarquables, ce n’est qu’au musée de Madrid qu’il est possible d’apprécier la force et la souplesse de son talent, dans les soixante tableaux de lui qui s’y trouvent réunis. Récemment d’ailleurs, comme pour donner satisfaction à la foule toujours plus nombreuse de ses admirateurs, plusieurs publications ont mis en pleine lumière sa vie et son œuvre. Après sir William Stirling qui avait ouvert la voie, M. Curtis, avec une ténacité tout américaine, a poursuivi pendant vingt ans la rédaction d’un catalogue complet de ses tableaux. En France, le critique qui connaît le mieux l’école espagnole, M. Paul Lefort, après avoir publié de 1879 à 1884, dans la Gazette des Beaux-Arts, une série d’articles

  1. Sir « William Stirling, Annales of the artists in Spain. Londres. 1848. — Velazquez et ses Œuvres. Paris, 1865. — Don Pedro de Madrazo. Catalogo descriptivo e historico del Museo del Prado. Madrid, 1872. — Ch. Curtis, Velasquez and Murillo ; a descriptive and historical catalogue. Londres, 1883. — Cari Justi., Diego Velazquez und sein Jahrhundert. 2 vol. in 8. Bonn. 1888. — Paul Lefort, Velasquez. Librairie de l’Art, 1888. — La peinture Espagnole. Quantin, 1893.