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position, voisine de l’entrée du détroit, la légation de France revint plus tard sur cette affaire et obtint que cet établissement fût internationalisé, et un règlement conçu dans ce sens a été promulgué en 1893.

Peu de temps après, le représentant de France décidait le gouvernement marocain, après de longues et difficiles négociations, à accorder à une maison franco-belge la concession de la frappe de la monnaie d’argent pour une durée de vingt années. À cette même époque Moulaï-el-Hassan envoyait dans les oasis du Sud une mission confiée au Feky Rechidi, secrétaire du ministère de l’intérieur.

Au milieu du mois de juin, l’infatigable cour marocaine se remettait en marche, et sans incidens par la route habituelle atteignait la ville de Rabat, où le sultan reçut quelques envoyés des légations européennes de Tanger ; puis sans délai on se rendit à Fez, où Moulaï-el-Hassan allait demeurer près d’un an, jusqu’au mois de mai 1893.


V

Dans le courant de l’automne, des troubles sérieux et qui prirent rapidement un caractère inquiétant éclatèrent dans l’extrême-nord du Maroc. La colonie diplomatique ne tarda pas à s’en montrer très émue et à en redouter les conséquences. Plusieurs représentans demandèrent l’envoi de stationnaires dans les eaux de Tanger, et, — bien que ce soit un peu la spécialité du Maroc de fournir comme périodiquement des nouvelles à sensation qui défraient toute la presse du continent, — il n’en demeure pas moins certain qu’il y eut là plus qu’une simple révolte, car les autorités chérifiennes eurent dans la suite le plus grand mal à rétablir l’ordre et à discerner les véritables causes du mouvement. L’origine de ces troubles était en effet très complexe. Ils furent ensuite promptement dénaturés, puis exploités par des influences étrangères, intéressées à amener une manifestation de l’impuissance du sultan et à justifier ainsi une intervention sur la côte méridionale du détroit de Gibraltar. On a prétendu, et peut-être non sans raison, que la rébellion d’une partie de la population de la province de Tanger, de l’Andjerra, ne procédait pas uniquement des exactions du gouverneur ni d’une division territoriale des plus défectueuses. Quoi qu’il en soit, relevant tour à tour et durant ces dernières années du pacha de Tanger, puis du gouverneur de Tétouan, et enfin au moment qui nous occupe sous les ordres du caïd d’Azila, — un certain Driss-Am-Kitchet, légendaire par son manque d’autorité et d’énergie, — les