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L’ASSAUT DE LOIGNY
(2 DÉCEMBRE 1870)


I

Dans l’après-midi du 1er décembre 1870, la réserve du 17e corps allait de Coulmiers à Saint-Péravy-la-Colombe. Elle comprenait, en infanterie : les deux bataillons des zouaves pontificaux, un bataillon de mobiles des Côtes-du-Nord, les francs-tireurs de Blidah et de Tours ; en artillerie, quatre batteries de 8, deux batteries à cheval, une de mitrailleuses. Le général de Sonis marchait avec elle, ayant choisi sa place parmi les meilleures de ses troupes ; de la sorte, il tenait à peu près le milieu entre sa deuxième et sa troisième division, l’une devant, l’autre derrière, à quelques heures de distance, tandis que la première, retardée d’un jour entier, échappait à son commandement. Mais, sachant que de grands événemens se préparaient, il menait d’une seule impulsion cette triple colonne vers le terme de Patay, jaloux de rejoindre là Dubois de Jancigny et de s’y voir en même temps rallié par Deflandre. Infatigable et fougueux en apparence, las pourtant dans son cœur, oppressé par l’imminence des faits qui pendaient alors sur notre histoire, anxieux de ce champ de bataille où il ne s’agirait plus d’une lieue carrée ni des jachères de Beauce, mais bien de toute la terre de France, il ne parlait qu’à son Dieu de tant de tristesses ; et, se confiant à lui en de doux colloques, il lui demandait la consommation totale du sacrifice et la prompte occasion d’une mort de soldat.

L’heure de l’effort était en effet venue pour l’armée de la Loire. Déjà les 18e et 20e corps, opérant sous Beaune-la-Rolande, à l’est de la forêt d’Orléans, avaient attaqué Frédéric-Charles, maître et