prince proposait le concours. Mac-Mahon ne formula aucune objection ni aux mouvemens indiqués des armées, ni au choix de sa personne. Prêt à commander l’armée de Châlons, il voulut seulement être subordonné au maréchal Bazaine. Puisque les deux armées allaient se joindre, une volonté unique devait les diriger, et Mac-Mahon, modeste et juste appréciateur de son mérite, se sentait fait pour les secondes places où, tout en commandant, l’on obéit encore.
Trochu voyait venir à lui, inopinée, providentielle, l’occasion de servir l’idée qu’il avait conçue, conseillée, qu’il croyait le salut. Nos forces se repliaient sous la capitale, et c’est à lui, disgracié quelques jours avant, que le souverain offrait la mission de défendre la ville, et la gloire de mettre un terme à la fortune de la Prusse ! Sans doute cette gloire avait son ombre : il faudrait peut-être défendre aussi l’empereur contre Paris ! Mais cet empereur, éclairé par ses fautes, avait commencé à les réparer en décidant la retraite de nos troupes, et son retour au gouvernement était l’abandon des plans funestes que Montauban avait conçus et que la régence avait faits siens. Trochu répondit donc que ses désaccords avec l’empereur n’avaient jamais eu un caractère d’hostilité personnelle, que le retour de nos troupes sous Paris mettrait fin au dernier et au plus grand de ces dissentimens, que par suite il acceptait de défendre Paris, et dans Paris l’autorité de l’empereur. Il se montra désireux de ramener avec lui les 18 000 mobiles qui de Paris avaient été envoyés à Châlons. De l’avis de leur chef, le général Berthaud, ils ne pouvaient être employés en rase campagne, et le ministre venait d’envoyer l’ordre de les expédier comme garnisons dans diverses places du Nord. Au lieu de disperser ces 18 000 hommes dans des forteresses secondaires et où ils demeureraient peut-être inutiles, mieux valait les rendre à la ville qui verrait la bataille décisive, et qu’ils avaient le plus d’intérêt à défendre. Sans doute l’espoir d’accroître par ce don de joyeux avènement son crédit sur les Parisiens et de faire mieux accepter l’impérial embarras qu’il traînait à sa suite poussa aussi le général à solliciter cette mesure, comme l’espoir de se ménager un retour plus facile aux Tuileries poussa l’empereur à la consentir.
Il restait seulement à donner les ordres qui allaient consommer la renonciation de Napoléon III à l’autorité militaire et marquer sa reprise du gouvernement. C’était le plus difficile : il cessait de désirer dès qu’il fallait vouloir. Il appela au secours de son inertie ses scrupules de souverain constitutionnel. Il n’avait pas le droit de résoudre seul ces questions, il allait en écrire au