de la paix. » Le 16 janvier 1797, ils y renoncent. La République, écrivent-ils à Clarke, restituera les pays occupés sur la rive gauche du Rhin, elle restituera la Lombardie, elle évacuera l’Italie par étapes, elle ne s’opposera pas à ce que l’empereur s’agrandisse en Allemagne ; pour décider l’Autriche, le Directoire mettra Thugut en demeure d’opter entre un million de livres ou la révélation du secret de ses correspondances et de ses pensions, en France, sous Louis XV et sous Louis XVI. « Ces propositions sont Y ultimatum du Directoire ; vous les trouverez peut-être trop restreintes. Mais le besoin de la paix est si grand dans toute la France, ce cri est si universel, la pénurie de nos moyens pour continuer la guerre est si absolue, qu’il faut bien s’y borner. » Ils concluent : « l’intention du Directoire est que le général Bonaparte soit dans la confidence de toutes vos opérations, que vous fassiez tout de concert avec lui ». Barras deux jours après, le mande à Bonaparte, en lui annonçant un renfort de 30 000 hommes.
Mais le 25 janvier arrive à Paris un courrier d’Italie annonçant la victoire de Rivoli, 23 000 prisonniers, 60 canons. 24 drapeaux pris à l’ennemi. Bonaparte, qu’on disait mourant, ressuscite et avec lui la confiance, et aussitôt après la présomption du gouvernement. Les Directeurs venaient d’apprendre l’échec de l’expédition d’Irlande et la dispersion de l’Armada. L’Italie leur offre une occasion de revanche. Ils la saisissent avec éclat. Les députés se rendent en foule au Luxembourg et félicitent le Directoire. « Cependant, écrit un agent étranger qui assistait à la scène, la phrase la plus généralement répétée, au milieu de celle allégresse, était celle-ci : « Nous avions bien besoin de cet événement, car véritablement nous commencions à être découragés ; vive Bonaparte ! » La modération eût peut-être sauvé, sinon le pouvoir des Directeurs, au moins la constitution républicaine. Mais cette constitution est le souci secondaire des Directeurs : la République, c’est eux, et pour la conserver dans leurs mains, ils se rejettent aveuglément dans la politique qui, mettant tout l’État à la merci des victoires de Bonaparte, lui livrera inévitablement l’Etat. Ils mandent, le jour même, à Clarke d’insister pour l’indépendance de la Lombardie ; ils lui mandent surtout de ne « faire et de n’accorder aucune proposition sans l’aveu de Bonaparte. » Clarke n’est plus que le négociateur de paravent. C’est avec Bonaparte que la correspondance d’affaires va se poursuivre. Et, avant tout, l’affaire la plus urgente. « Les indemnités que nous avons à retirer de l’Etat de l’Église assurent, pour un temps considérable, le service administratif, lui écrit Barras, le