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UN ROMANCIER ANGLAIS

Mme HUMPHRY WARD

Parmi les romanciers qii, dans ces dernières années, ont eu le plus de vogue en Angleterre et aux États-Unis, Mme Humphry Ward est sans contredit au premier rang. L’aînée de ses œuvres, Robert Elsmere, l’année même de sa publication (1888), s’est vendue à cent trente mille exemplaires ; l’Histoire de David Grieve (1892) et Marcella, (1894) ont achevé de faire la réputation de l’auteur. On n’avait pas vu un pareil succès depuis la Case de l’oncle Tom ; et les revues anglaises et américaines, — même celles qui ont le plus vivement combattu les opinions de AI"10 Ward, — n’ont pas hésité à la ranger parmi les écrivains de haute lignée, à côté des sœurs Brontë, de miss Austen et même à la rapprocher de George Eliot. M. Gladstone lui a consacré, dans le Nineteenth Century, un article où, à de franches critiques, il a mêlé de grands éloges : « Ce livre, a-t-il dit en parlant de Robert Elsmere, est un signe des temps ; il fera probablement une profonde ou du moins une durable impression, non pas sans doute sur les purs lecteurs de romans, mais sur ceux qu’agitent les préoccupations sérieuses de notre époque. » Le Guardian citait le même ouvrage comme « un chef-d’œuvre de ce genre de tranquille description des caractères, qui a été porté à sa perfection par George Sand, et introduit dans la littérature anglaise par miss Austen. » Enfin la Saturday Review, qui naguère reprochait à Mme Ward le manque de réalité de ses héros et lui préférait presque M. Zola, a écrit à propos de Marcella : « Ce roman offre, sans aucun doute, un intérêt supérieur à tout ce que railleur a écrit. Il y a des scènes d’un effet