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lui ont déjà décernés les maîtres de la critique en Angleterre et en France.

Pour conclure, nous ne saurions mieux faire que de nous approprier le jugement que portait sur l’auteur un critique enlevé trop tôt aux lettres françaises et dont personne, je pense, ne récusera la compétence. « Mme H. Ward, disait Edmond Scherer, a fait preuve du talent créateur qui est le talent du romancier par excellence ; sa plume combine le naturel, la grâce et l’esprit. M. Gladstone n’a pas exagéré en vantant la finesse et la justesse de ses observations, la richesse de sa langue, jamais dépourvue de pensée, et le charme de son style et en prédisant que son livre (Robert Elsmere) ferait une impression considérable parmi tous ceux qui pensent. » Un autre bon connaisseur de la littérature anglaise, M. Emile Montégut, écrivait en 1883, deux ans après la mort de George Eliot : « Elle restera dans le roman anglais un phénomène isolé et n’aura pas de successeur, encore moins de disciples[1]. » Oserons-nous croire aujourd’hui que, si l’éminent critique a lu Robert Elsmere et Marcella, il ne serait pas éloigné d’effacer cette prédiction pessimiste, et qu’il saluerait dans Mme II. Ward l’héritière du talent des Arnold et le brillant disciple, sinon l’égale de l’auteur d’Adam Bede et des Scènes de la Vie cléricale ?


G. BONET-MAURY.

  1. Voyez la Revue du 15 mars 1883.