Louis-le-Grand. Elle y avait pour chef un des siens, un de ses maîtres, Guigniaut, qui recevait le titre de directeur des études, et des conférences nouvelles y étaient créées. Il ne lui manquait plus que son nom, et ce nom lui fut rendu, dès le lendemain des journées de 1830, par le gouvernement nouveau.
Le 6 août, avant même que le duc d’Orléans échangeât le titre de lieutenant-général contre celui de roi, il ordonna que « l’Ecole destinée à former des professeurs et désignée depuis quelques années sous le nom d’Ecole préparatoire reprendrait le titre d’Ecole normale. » Bientôt après, le règlement du 30 octobre 1830, rédigé sous l’inspiration de Cousin, organisait l’Ecole sur des bases qui sont demeurées celles mêmes sur lesquelles repose encore aujourd’hui toute l’économie de nos études. La durée de celles-ci qui, dans l’Ecole préparatoire, n’était que de deux ans, est fixée définitivement à trois ans. Les deux sections, celle des sciences et celle des lettres, sont plus nettement séparées, dès le début, qu’elles ne l’avaient été jusqu’alors. Si, par suite de l’unité d’agrégation, la section des sciences reste encore indivise jusqu’au bout de la troisième année, la section des lettres reçoit dès lors la forme qu’elle a gardée jusqu’à présent. La première année y est consacrée à la préparation de la licence. La seconde a pour but, dit le règlement, de « donner une instruction plus élevée et plus étendue, analogue à celle des Facultés ». Exempte de toute préoccupation d’examen à subir, elle demeure, comme l’a dit Ber-sot, « l’année normalienne par excellence », celle du travail libre et désintéressé, volontiers même un peu capricieux. En troisième année, la section se partage, comme elle n’a pas cessé de le faire depuis lors, en quatre équipes ; il y a la philosophie, l’histoire, la grammaire, et ce que l’on appelait alors humanités et rhétorique, ce que nous nommons aujourd’hui les lettres. L’agrégation, avec ses divers ordres, sera le but que l’on poursuivra pendant cette dernière année d’études. Ce but, les élèves de l’Ecole l’ont presque toujours atteint, lorsqu’ils n’ont pas reculé devant l’effort et l’entraînement nécessaire, lorsqu’ils ont compris la sagesse du vieux proverbe : « Qui veut la fin veut les moyens. »
Le recrutement de l’Ecole s’était toujours fait, jusqu’alors, de façon assez irrégulière. On avait demandé certaines preuves de connaissances acquises et de mérite ; mais on ne les avait pas exigées. Bien des candidats avaient été plutôt choisis par les recteurs et les inspecteurs généraux qu’imposés par un concours qui n’avait guère existé que pour la forme. Les choix avaient été souvent très judicieux ; nous ne voyons pas que les promotions ainsi recrutées aient été, en moyenne, inférieures à celles qui leur