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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/392

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Un voyage plus long que de Chypre ou de Crète[1],
au lieu de « celui de Chypre ou de Crète » ; les incohérences comme :
Il existe des cœurs où reposer vos yeux[2],
ou bien :
Ne me rejetez pas à l’orage en pâture[3] ;
les lourdeurs telles que :
Ma mère m’a quittée au milieu de son âge[4],
les archaïsmes dans le genre de celui-ci, malencontreusement renouvelé des classiques :
Camille.
Maman, la blanchisseuse est là.
Gabrielle.
Dis à la bonne
De recevoir le linge.
Julien.
Eh ! reçois-le en personne[5] ;


ce qui oblige à une élision invraisemblable, si l’on cherche à ne pas fausser la mesure.

Ces quelques fragmens n’ont pas besoin qu’on les commente ; ils ne sont du reste ni pires ni meilleurs que tant d’autres, faciles à recueillir parmi les vingt ou vingt-cinq mille vers d’Émile Augier. Et encore n’appuyons-nous pas sur la multitude des détails qui prêteraient au moins à sourire chez un écrivain moins solidement établi que lui dans la faveur publique. Il composa une fois une pièce presque entièrement dirigée contre cette forme de la raillerie moderne qu’on appelle la blague ; il avait en vérité de bons motifs pour ne point aimer ce genre d’esprit ; le sentiment du ridicule lui fait totalement défaut.

Pourquoi la réflexion baroque sur « les grandes dames, les très grandes dames », ou l’histoire de « la noble tête de vieillard » dans la Tour de Nesle, pourquoi la phrase fameuse sur « la croix de ma mère », dans on ne sait quel mélodrame, sont-elles devenues légendaires, tandis qu’on n’a jamais paru

  1. La Ciguë, acte II, sc. IX.
  2. La Ciguë, id.
  3. L’Aventurière, acte II, sc. VIII.
  4. Un Homme de bien, acte II, sc. VI.
  5. Gabrielle, acte I, sc. II.