une loi, sans autre appui que le cœur maternel, est toujours prêt à sacrifier sa fortune et lui-même pour relever les grands vaincus de 1815, son oncle, le peuple, les nationalités, le progrès social, le droit plébiscitaire de la révolution, se montrant, dans sa lutte inégale contre une centralisation gouvernementale armée de fonctionnaires et de soldats, tranquille de courage pendant le combat, indomptable de constance après la défaite.
On retrouve dans les écrits de cette première période le germe de la plupart des actes de la maturité. Sur un seul point il est flottant et il se cherche : il n’est point parvenu à sortir de la contradiction dans laquelle il est entré, par ses Rêveries politiques, entre ses idées propres et ses traditions de famille. Par ses idées, il reste acquis à la souveraineté absolue du peuple, ce qui le fait républicain ; par ses traditions il est entraîné à la reconstitution d’une hérédité monarchique. Il n’a pas encore opté : la question reste ouverte dans son esprit.
Ses idées ont cependant prévalu sur sa tradition en ce qui concerne la liberté. Il est convaincu que même un empire rétabli devrait en accorder autant que l’empire tombé a été contraint par les circonstances d’en donner peu. Seulement, sa liberté n’est pas la fausse liberté, celle de la licence sans frein et de la dispute politique. C’est la liberté vraie, la liberté féconde, celle qui, en dehors des objets de la stricte compétence sociale, assure à chaque citoyen, isolé ou associé à d’autres, sans obligation oppressive, le gouvernement entier de sa personne, de sa pensée, de ses intérêts, de sa famille.
ÉMILE OLLIVIER