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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/937

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belles héliogravures et gravures sur bois qui reproduisent les pièces les plus remarquables de la vie de Clovis d’après des manuscrits des XIVe et XVe siècles de la Bibliothèque Nationale, les peintures ou dessins modernes de MM. Cormon, Flameng, Luminais, Maignan, Rochegrosse, Sellier, Deroton Legrand, que l’auteur a eu la bonne fortune d’associer à son œuvre, en confiant le soin de la faire connaître à la maison Marne, contribuent à donner de la vie à ces pages un peu austères où plus d’une fois M. Kurth a dû suppléera l’insuffisance des témoignages par un intense effort de l’esprit pour arriver à l’intuition du passé.

Avec les Chroniqueurs de l’histoire de France[1] nous allons retrouver Clovis dans les Chroniques latines de Grégoire de Tours, nous allons remonter aux sources des origines de notre histoire nationale, dont les plus précieux et plus anciens monumens restent encore inconnus ou fermés à tant de lecteurs. Dans ce bel ouvrage Mme de Witt met tous ces trésors originaux à leur portée, s’efforçant de leur faciliter la tâche, comme à l’ordinaire, avec son talent incontesté, en choisissant dans les diverses chroniques les fragmens les plus intéressans, en les complétant l’un par l’autre, mais sans que jamais, dans cette traduction, ils perdent rien de leur vivacité d’impressions et d’expression, de l’animation et de la vérité qui font le prix et le charme naïf de ce genre de récits. Le premier volume de cette série, — qui en comprendra trois sur les chroniqueurs, — débute par les Mérovingiens et se termine à la fin de la première croisade. Ce n’est pas à tort que Mme de Witt, dont le nom est deux fois lié à l’histoire de France, espère qu’on prendra plaisir à lire ces chroniques ornées de superbes planches en chromolithographie, de grandes compositions tirées sur bois et de nombreuses gravures également d’après les monumens et les manuscrits de l’époque, d’une délicatesse d’exécution tout à fait rare : elles sont une des plus belles publications de l’année, l’une des plus instructives et l’une aussi des plus agréables à offrir.

Si de l’histoire sacrée et de celle de la nationalité française nous passons à l’histoire générale de l’Art, comment ne pas nommer Chantilly, qui a gardé à travers la Renaissance le caractère et l’empreinte de ses origines, et ne pas tirer hors de pair la belle collection de tableaux de maîtres que M. le duc d’Aumale a réunis dans cette demeure historique, cadre bien digne d’elle par sa splendeur ? Le premier volume de la Peinture au château de Chantilly est consacré aux écoles étrangères : italienne, flamande, hollandaise, allemande et anglaise ; le second sera exclusivement réservé à l’école française. Il fera ici même l’objet d’une étude spéciale, qui ne serait pas maintenant tout à fait à sa place, et pour laquelle le temps nous manquerait. Nous avons seulement tenu à dire qu’il serait digne de figurer au premier rang des publications d’art de

  1. Les Chroniqueurs de l’histoire de France ; les Premiers rois de France d’après les Chroniqueurs, par Mme de Witt, née Guizot, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Hachette.