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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/352

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Metternich encore dégouttante du sang polonais et italien. Mais nous sommes convaincus que le peuple anglais ne recommencera pas la terrible histoire des guerres de la Révolution pour empêcher la libération de l’Italie[1]. »

Charles-Albert écouta ce fier et prévoyant langage. Il ne s’arrêta pas aux remontrances de Palmerston et il passa le Tessin, l’écu de Savoie superposé sur la bannière tricolore italienne (25 mars). « Je viens, dit-il aux Lombards, vous apporter l’aide que le frère attend du frère et l’ami de l’ami. Je seconderai vos justes désirs, me confiant au secours de ce Dieu qui est visiblement avec vous, de ce Dieu qui a donné Pie IX à l’Italie et l’a mise en état di fareda se. »

La cour d’Angleterre, dont les sympathies autrichiennes n’étaient pas dissimulées, exprima un violent mécontentement de ce qu’on n’eût tenu aucun compte des recommandations officielles de ses ministres. « Le Piémont, dit le prince-consort, a fondu sur la Lombardie comme un voleur. » La cour de Russie ne se montrait pas moins indignée ; Nicolas envoyait ses passeports au légat sarde à Saint-Pétersbourg et rappelait le sien de Turin.

L’initiative de Charles-Albert, fanatise les peuples et entraîne leurs princes. Charles-Louis de Bourbon, venu récemment de Lucques a Parme, accorde les libertés constitutionnelles et se place sous la tutelle de Charles-Albert. Léopold de Toscane se déclare prêt à favoriser le mouvement national Le ministère libéral de Naples promet 40 000 hommes et en dirige plus de 20 000 vers le Pô. Les troupes pontificales s’avancent dans la même direction. La Sicile se révolte à l’exemple de Palerme ; un parlement s’y réunit, déclare déchue la dynastie bourbonienne, adopte la forme monarchique et se réserve d’appeler un prince italien au trône après avoir achevé la Constitution (13 avril).

L’Allemagne, excitée par les événemens de Vienne, n’était pas dans un état d’effervescence moindre. L’anarchie s’était répandue sur les trois quarts de son territoire. A Munich, le peuple chasse Lola Montes et force le vieux roi à abdiquer. Dans tous les États du Sud, les chefs de l’opposition deviennent ministres. Hambourg, Brème, Lubeck, changent leurs constitutions. Cinquante hommes politiques §e réunissent à Heidelberg (5 mars). Les plus pressés. Hecker et Struve, proposent de déclarer incontinent la république, Henri de Gagern propose l’empire. La majorité ne suit pas. et charge une commission de préparer la réunion d’un parlement à Francfort (11 mars). Cette commission convoque un pré-parlement pour le 30 mars. La Diète, entraînée et espérant retenir son

  1. Risorgimento, 22 marzo 1848.