Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/646

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA POSTE AÉRIENNE

Le concours du Trocadéro et les lâchers de pigeons récemment exécutés en mer ont attiré l’attention et l’intérêt du public sur la colombophilie ; ils ont surtout révélé l’existence de sociétés nombreuses et prospères qui manifestent leur activité en entraînant dans tous les sens, par des exercices répétés, des centaines de milliers de pigeons. Quel est donc le but poursuivi par ceux qui s’adonnent avec tant de passion à ce genre de sport et quel résultat pratique ont-ils atteint ?

En campagne, les pigeons messagers rendront assurément de très grands services en remplaçant le télégraphe intercepté, en reliant à la mère-patrie les défenseurs d’une ville assiégée. Mais l’importance momentanée du rôle que pourront alors jouer les pigeons voyageurs ne suffit pas pour expliquer l’extension prise depuis quelques années par la colombophilie. La Belgique par exemple possède à elle seule autant de pigeons que les autres nations européennes réunies ; en entretenant dans leurs colombiers les races les plus estimées, les Belges n’ont pas uniquement en vue la défense nationale ; ils demandent à la pratique de leur sport favori les émotions violentes que procure le jeu. Les concours, ont lieu chaque dimanche dans la belle saison, sont l’occasion de paris nombreux ; le possesseur du pigeon qui arrive premier, battant des centaines de concurrens, éprouve certainement à un degré égal toute la joie que peut ressentir le propriétaire d’une écurie de courses dont le cheval préféré vient de gagner le grand prix. Ainsi donc la colombophilie, dont l’utilité en campagne ne saurait être contestée, n’est en temps de paix