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diplomatique par le roi Humbert. Le 29 septembre 1889 le traité d’Ucciali était ratifié.

Par ce traité, chacune des parties contractantes pouvait nommer un agent diplomatique et des consuls auprès de l’autre. Une partie du plateau abyssin avec Kéren et Asmara était laissée en toute souveraineté à l’Italie. Celle-ci prenait l’engagement d’assurer la sécurité de la frontière d’Ethiopie vers la mer, et en échange Ménélik consentait à user de l’intermédiaire de l’Italie dans ses relations avec l’étranger. Par des dispositions subsidiaires, le gouvernement italien s’assurait de grandes facilités pour son commerce, organisait les services douaniers, fixait la composition et la valeur de la monnaie d’échange. Cette monnaie devait avoir la forme des écus de Marie-Thérèse portant l’inscription de Humbert Ier, roi d’Italie. Les quatre lettres F. E. R. T. qui existent sur les pièces italiennes devaient être remplacées par une formule rappelant le protectorat de l’Italie. En même temps, quatre millions remboursables en vingt annuités au taux de 5 et demi pour 100 étaient prêtés au négus par la Banque nationale italienne sur la garantie de l’Etat. L’article de la convention italo-éthiopienne établissant le protectorat fut notifié le 12 octobre aux puissances signataires de l’acte général de la conférence de Berlin. La France, l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, le Danemark, la Suède et Norvège, la Belgique, la Hollande, donnèrent acte de la notification. Seule, la Russie garda le silence.


II

Ainsi les Italiens, débarqués à Massaouah en 1885, étaient parvenus en 1889 à s’installer sur le plateau abyssin, à Asmara et à Kéren, et à établir d’une manière prépondérante leur influence sur l’Ethiopie. À ce résultat, fort beau cependant, ne s’étaient pas bornées en ces quatre années les manifestations de leur activité coloniale. Tout en avançant sur le plateau, ils n’avaient cessé de s’étendre le long du littoral de la Mer-Rouge au nord et au midi de Massaouah. Alors même qu’ils étaient réduits à une situation des plus critiques, et que le roi Johannès les retenait immobiles derrière les retranchemens de Saati, ils prenaient successivement possession des divers points de la côte comprise entre Assab et Massaouah.

A la fin de janvier 1885, une section de marins occupait Béilul, au nord d’Assab. Zoula, à 56 kilomètres au sud de Massaouah, avait une garnison égyptienne composée de bachi-bouzouks : l’Italie prit tout d’abord cette garnison à sa solde ; puis, en 1888,