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Le sultanat d’Opia s’étend de Warsheik au cap Aouad, celui de Medjourtines du cap Aouad au cap Guardafui et jusqu’aux possessions anglaises du golfe d’Aden.

L’Egypte autrefois occupait une partie de la côte somâl, du golfe de Tadjourah au 49e degré de longitude (Greenwich). Mais l’invasion mahdiste ayant eu pour résultat de couper en deux l’immense domaine des khédives, les Anglais en profitèrent pour occuper successivement Zéilali, Boulhar, Berbéra, Bender-Ghacem ; bref, tous les points de la côte jusqu’au 49e degré de longitude. Ils avaient entendu ainsi acquérir un pays qui fût, pour leur colonie d’Aden, un centre d’approvisionnement et de ravitaillement, les Somalis étant agriculteurs et pasteurs et élevant de nombreux troupeaux de bétail. Ils négligèrent toutefois de s’étendre au-delà du 49e degré de longitude et laissèrent au reste de la côte son indépendance.

Ce furent les Allemands, alors en quête d’annexions coloniales, qui jetèrent les premiers les yeux sur cette vaste région sans maître. Au commencement de septembre 1885, un agent de la compagnie de l’Afrique orientale allemande, M. Hœrnecke, arrivait à Halloula, résidence du sultan des Medjourtines, et y concluait un traité par lequel ce chef cédait à la compagnie le monopole du commerce, le privilège exclusif de cultiver les terrains vacans, d’exploiter les mines et les forêts, de pêcher les perles, etc. A la compagnie était en outre attribué le droit d’entretenir des troupes, d’élever des fortifications, de percevoir les taxes douanières. Ces droits exorbitans furent reconnus à la compagnie dans toute l’étendue du territoire que le sultan déclarait lui appartenir, c’est-à-dire, depuis la limite orientale des possessions anglaises du golfe d’Aden jusqu’au cap Aouad, par 5° environ de latitude nord. Le lieutenant von Anderten fut laissé comme résident auprès du sultan. Quelques mois après, le sultan des Medjourtines, ayant reçu la visite du sultan d’Opia, son parent et son allié, von Anderten en profita pour signer avec ce dernier un nouveau traité assez semblable au premier, qui mit tout le pays depuis le cap Aouad jusqu’à Warsheik sous l’influence de la compagnie allemande. Là ne s’arrêtèrent pas encore les acquisitions de l’ambitieuse compagnie. Il fallait qu’elle devînt maîtresse de la côte somâl tout entière. L’arrangement du 29 octobro-1er novembre 1886 relatif à la délimitation des sphères d’influence anglaise et allemande dans l’Afrique orientale n’était pas encore signé que le docteur Jühlke, un autre agent de la compagnie, hissait le drapeau allemand à Port-Durnford, qu’il appela Hohenzollern-Hafen, et conclut avec des chefs somalis du littoral de