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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 mai.


La quinzaine qui vient de s’écouler a été surtout, du moins à l’intérieur, une période de préparation et d’attente. Au moment où nous écrivons, les Chambres reprennent leurs travaux. La session qui s’ouvre, nécessairement courte puisqu’elle sera interrompue au mois d’août par celle des Conseils généraux, sera certainement importante. Jamais peut-être la situation n’avait été plus claire qu’aujourd’hui, non pas qu’il n’y ait encore beaucoup de confusion et de trouble dans les esprits, mais parce que, bon gré mal gré, les événemens ont imposé aux divers partis l’obligation de prendre des attitudes de plus en plus nettes et tranchées. Les radicaux et les socialistes ne peuvent pas se consoler de la chute d’un ministère dans lequel ils avaient mis toutes leurs complaisances ; ils n’ont d’autre préoccupation que de prendre une revanche prochaine ; ils n’ont pas désarmé une seule minute, et on peut prévoir que, dès l’ouverture du parlement, ils reprendront leur vieille tactique et harcèleront le ministère d’interpellations sans trêve ni repos. Déjà même plusieurs de ces interpellations ont été notifiées et annoncées par lettre aux ministres qu’elles concernent. Il y en a pour le moins trois ou quatre. Si elles ne sont pas plus nombreuses, c’est, faut-il le dire ? parce que le gouvernement nouveau n’a pas fait grand’chose depuis qu’il est en possession du pouvoir et que ses adversaires, avec la meilleure volonté du monde, n’ont pas encore trouvé beaucoup de prise sur lui. Ils étaient à l’affût d’un acte quelconque pour l’attaquer tout de suite et en demander compte, mais les actes ne sont pas venus. Ce n’est pas un éloge que nous adressons au ministère Méline. Ses amis, comme ses adversaires, auraient préféré qu’il fût plus actif. En lui assurant, le jour même de sa constitution, trois semaines de tranquillité parfaite, leur espoir était qu’il saurait en tirer parti, et qu’il aurait fait, avant la rentrée des Chambres, un certain nombre de manifestations sur le sens desquelles il serait impossible de se tromper. L’opinion, encore un peu indécise parce qu’elle n’a pas très bien compris les incidens qui se sont succédé depuis quelques mois, avait besoin qu’on lui donnât une orientation, et elle l’attend encore. M. le Ministre de l’intérieur a fait, à la vérité, un mouvement administratif qui est excellent en lui-