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meilleurs, se trouvent naturellement ceux dont les modèles sont les plus chers au peintre, portraits de parens, d’amis, d’eux-mêmes, le Portrait de mon fils André, par M. Benjamin-Constant, d’une si mâle tenue, d’un dessin si ressenti qu’on pense, en le voyant, aux belles œuvres d’Ingres, celui de M. Carolus-Duran, par M. Henner, une étude fine, puissante, profonde, celui de Paul Leroy, peintre aimable et doux, celui de M. Emile Motte, peintre belge, maladif et mystique, par eux-mêmes, tous deux d’une facture habile et appropriée aux caractères. Il y faut joindre encore le Portrait de M. B… si exact et si net, par M. Morot, deux fins portraits de M. Axilette (M. Paul Hervieu et M. Leclanché), puis, quantité d’œuvres intéressantes ou fidèles, par MM. Cormon, Marec, Henri Boyer, Pille, Brunet, C. Leroux, Barthallot, Umbricht, Maxence, Jolyet, Joubert, etc.

Au Champ-de-Mars même abondance relative, dans une note moins variée, et, sauf exceptions, dans un style coloré, plus libre ou plus lâché, avec une recherche du beau coup de brosse coulant et facile. Le portrait inachevé d’Alexandre Dumas, par M. Roll, est une esquisse vigoureuse et passionnée d’un sentiment si intense et d’une expression si forte qu’on ne saurait désirer mieux. La sympathie cordiale et supérieure de M. Carolus-Duran a aussi bien compris la physionomie réfléchie de M. Georges Leygues que la physionomie ardente de M. Paul Déroulède, et M. René Ménard, dont les progrès sont rapides, a caractérisé deux amis, deux peintres, MM. Lucien Simon et Cottet, avec une franchise et une chaleur remarquables. M. Zorn s’est entrevu lui-même, assis, en blouse blanche, dans son atelier, sous une lueur glissante et caressante : c’est un des meilleurs spécimens de son talent si particulier. Les étrangers, d’ailleurs, dans les deux Salons, rivalisent avec nous sur ce terrain. Les Anglais, notamment, aux Champs-Elysées ont remporté d’éclatantes victoires. Le Portrait du colonel Anstruther Thomson, acquis pour le Musée du Luxembourg, par M. Lorimer, celui de M. P. L… par M. Orchardson, celui de John Poison Esq., par M. Lockhart, y représentent l’école britannique dans toute sa sincérité, sa précision, son intime énergie. Au Champ-de-Mars, on remarque le Docteur Roux, une figure vive et nerveuse, par M. Edelfelt, le Docteur Grier, d’une physionomie singulièrement fine et résolue sous ses cheveux grisonnans, par Mlle Cecilia Brown, de Philadelphie, et quelques toiles de MM. Sargent, Verheyden, etc.

Les femmes, les belles et les jeunes, et les autres aussi, ont porté bonheur, cette année, à quelques-uns de leurs portraitistes ordinaires ou extraordinaires. C’est, d’une part, MM.