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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 135.djvu/939

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ne se transformeront jamais en tableaux ; mais qu’importe ? La valeur de l’œuvre ne se mesure point à la dimension. Un accent sincère, nouveau, vif, tendre ou passionné, suffit à sauver de l’oubli un panneau grand comme la main. Combien d’esquisses ou de croquis, chez les grands artistes, valent mieux que leurs œuvres achevées, à plus forte raison chez les artistes ordinaires ! Prenons donc nos contemporains, curieux et chercheurs, inquiets et sensibles, pour ce qu’ils ont ; s’il en est peu qui aient la force de couperet de lier, dans le champ de nature, de très grosses gerbes, il en est beaucoup qui savent y assembler de délicieux bouquets et cueillir des fleurs délicates. Prenons leurs bouquets et respirons leurs fleurs. Qu’on regarde, ici près, les toiles de MM. Quost, Guillemet, Hareux, Dameron, Quignon, Yon, Sébilleau. Masure, Desbrosses, Paulin Bertrand, Tanzi, Isenbart, Japy, Le Sénéchal, Maincent, Ravanne, Barillot, Bail, Biva, Kreyder etc. ; et là-bas, celles de MM. Dinet, Gustave Colin, Monlenard, Dauphin, Harrison, M. Eliot, Dumoulin, Damoye, Courant, Chudant, Victor Binet, Baud-Bovy, Burnand, Barrau, Zakarian, Stengelin, H. Saintin, Rusinol, Moullé, Lobre, Lecamus, Latenay, Jettel, Iwill, Georges et Lucien Griveau, Durst, Cabrit, etc., on sera surpris et ravi du nombre d’impressions nouvelles ou renouvelées, souvent traduites en un style sincère et personnel, que nos contemporains ont éprouvées devant les multiples spectacles des climats divers et des saisons changeantes, et qu’ils ont éprouvées assez vivement et fortement pour nous les faire partager.


GEORGE LAFENESTRE.