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REVUE LITTÉRAIRE

MARGUERITE DE NAVARRE,
D'APRES SES DERNIÈRES POÉSIES

Les érudits sont des gens heureux. Confinés dans des études spéciales, ils goûtent sans remords ces jouissances d’une intensité extraordinaire que les autres hommes sont réduits à attendre de la satisfaction d’une manie ou d’un vice. Et la Providence les tient en sa protection. Elle sème sous leurs pas les jolies trouvailles et les bonnes fortunes : on ne cite pas un chercheur de quelque mérite qui n’ait fait un certain nombre de découvertes non sans prix. Son action éclate avec évidence dans la découverte de l’important manuscrit que M. Abel Lefranc vient de retrouver et de publier. Ce manuscrit n’était pas enfoui en de lointaines archives. Il ne se dissimulait pas en des cachettes mystérieuses. Il s’offrait bien plutôt à la curiosité des chercheurs. Il sollicitait leur attention. Il était à la disposition de tous, à la Bibliothèque nationale, où il figure au catalogue des manuscrits français sous son vrai titre : Les dernières œuvres de la Reine de Navarre, lesquelles n’ont encore esté imprimées. Il a échappé à tous ceux qui en ces cinquante dernières années ont multiplié les travaux sur la vie et les œuvres de la sœur de François 1er. Ils ont passé à côté de lui et ils ne l’ont pas vu. Car l’heur de cette trouvaille était de tout temps réservé à M. [1]

  1. Les dernières poésies de Marguerite de Navarre, publiées pour la première fois par Abel Lefranc, secrétaire du Collège de France, 1 vol. in-8o (Colin). Publication de la Société d’Histoire littéraire de la France.