le visage du tireur, l’ensemble se tasse et s’embrouille ; de côté, il se silhouette admirablement et l’exécution, comme d’habitude, est libre, puissante, virilement émue.
On peut, en pensant à M. Mercié, regarder avec plaisir un petit groupe en marbre où l’on retrouve son influence sculpturale et patriotique. L’Ad Patriam, de M. Charles Jacquot, n’a aucune prétention au style monumental. Une toute jeune fille, en costume de paysanne alsacienne, portant sur ses épaules un petit garçon tout nu, franchit une borne sur laquelle est gravé le mot : France. L’action et sa signification sont faciles à saisir. Ce sont de ces idées heureuses qui, bien ou mal traduites, ont toujours du succès, parce qu’elles se prêtent à des attendrissemens légitimes et à des développemens littéraires. M. Jacquot a fort bien traduit la sienne. L’allure de la grande sœur enlevant son petit frère est ferme et naïve, sans affectation ; les vêtemens et les nus sont également bien traités ; l’ensemble forme une œuvre agréable à regarder et qui sera rapidement populaire.
Nous reprochions, l’an dernier, à M. Theunissen, de n’avoir pas donné, selon nous, au groupe principal du Monument commémoratif de la Défense de Saint-Quentin en 1557, groupe mixte de figures allégoriques et réelles, un caractère historique et local plus franchement déterminé. Dans la série des sculptures complémentaires présentées cette année, et qui doivent flanquer le piédestal sur lequel s’élèvera ce groupe, M. Theunissen a montré, ce semble, plus de décision. Il est vrai qu’il n’avait plus, là, à poursuivre cette combinaison, toujours difficile, de l’image idéale et de l’image réelle. Les divers groupes, habilement reliés entre eux, qui entourent cette base, forment la représentation anecdotique de la défense même. Sur le devant, c’est l’amiral Coligny, cuirassé de pied en cap, qui, montrant du doigt l’horizon, indique de l’autre main les mouvemens de l’ennemi, sur une carte déployée par le mayeur de la ville, Varlet de Gibercourt, vêtu d’un riche pourpoint, la salade en tête et brandissant l’épée. A droite, près d’un cadavre, un vieux gentilhomme, agenouillé, ajuste son arquebuse, tandis qu’un jeune plébéien lance une énorme pierre du haut du rempart et qu’un moine encapuchonné se désespère en se cachant les yeux (nous l’eussions préféré priant pour ses compatriotes si son froc l’empêche décidément de prendre part au combat, malgré les tolérances du temps). A gauche, deux artisans poussent, en haletant, une pièce d’artillerie, tandis qu’un porte-bannière se retourne vers la ville en sonnant de la trompe. Derrière, une dame, Catherine Laitier, assise sur le rempart, bande le bras blessé d’un vieux soldat étendu, que soutient un jeune garçon. Tous ces groupes sont bien disposés, forment des