d’autres cas, la boue et les matières organiques obstruent les pores du terrain, et il faut abandonner les galeries pour en creuser d’autres. Celles de Nancy sont remplies de vase ainsi que les réservoirs dans lesquels des turbines les font monter. Les galeries, comme les bassins filtrans, laissent passer les champignons et les microbes. C. Frakel et Fiefke ont trouvé le bacille de la fièvre typhoïde dans les eaux de Berlin.
Pour toutes ces raisons, le comité consultatif d’hygiène publique a refusé, en 1888, de donner son approbation à un projet consistant à creuser de nouvelles galeries, à Toulouse, pour filtrer 10 000 mètres cubes de plus d’eau de la Garonne.
Les puits filtrans sont de date plus récente. L’essai le plus satisfaisant est celui qui fut fait à Nantes, en 1891, par M. l’ingénieur Lefort, pour filtrer les eaux de la Loire avant de les introduire dans la distribution. Il eut l’idée d’utiliser, pour cette épuration, un banc de sable situé à deux kilomètres en amont de la ville et au milieu du cours du fleuve. Il disposa d’abord, sur cette base, une ceinture de rochers, en conservant un espace circulaire de quinze mètres de diamètre. Au milieu de ce cercle, il construisit une tour-puits bien étanche depuis sa base jusqu’à un mètre environ au-dessous du niveau des basses eaux. De ce point jusqu’à son sommet, la tour était percée de barbacanes. L’intervalle compris entre elle et la ceinture rocheuse fut rempli d’une couche bien uniforme de sable demi-fin, disposée en tronc de cône, et le fond du puits fut mis en communication avec une pompe aspirante et foulante. Les résultats de cet essai ont été satisfaisans. En sortant de ce grand filtre, l’eau s’est montrée limpide, débarrassée de sa matière organique, et ne renfermant plus que 73 bactéries par centimètre cube au lieu de 9530 qu’elle contenait auparavant. Il reste à savoir si l’encrassement ne se produira pas à la longue, si l’eau du fleuve, poussée par le courant, ne finira pas par creuser des fissures dans le sable, ainsi que cela arrive dans les galeries filtrantes.
En résumé, aucun de ces procédés n’a résolu le problème de l’épuration en grand des eaux destinées à l’alimentation des villes. On en cherche aujourd’hui la solution dans une autre voie. On a recours à des moyens plus compliqués. De ce nombre est le système Anderson, qui a été adopté à Anvers pour le traitement des eaux de la Nèthe, qui a été mis à l’essai à Boulogne, en 1892, et qu’on applique aujourd’hui, sur une grande échelle, pour la banlieue de Paris. Ce système consiste à faire passer lentement l’eau à épurer par un cylindre horizontal, tournant sur son axe et contenant de petits fragmens de fonte de fer. L’eau se charge d’une certaine quantité de ce métal à l’état de protosel,