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fait pas marcher le filtre tous les jours, il suffit de le nettoyer une fois par semaine.

Pour le faire convenablement et sans s’exposer à briser la bougie, on commence par dévisser l’appareil ; on retire le tube en porcelaine ; on le brosse fortement pour enlever la couche jaunâtre qui le recouvre, puis on le couche dans un vase plat et rempli d’eau qu’on fait bouillir pendant un quart d’heure. Cela fait, on remet tout en place et l’appareil peut fonctionner immédiatement. Je préfère ce procédé à celui que conseille M. A. Gautier et qui consiste à plonger la bougie dans une solution d’acide chlorhydrique au dixième. Le moyen peut être excellent dans un laboratoire ; mais, dans un ménage, je trouverais imprudent de laisser un acide aussi violent entre les mains des domestiques. Et puis, il est nécessaire de laisser couler l’eau, pendant quelque temps, avant de la boire, lorsque la bougie a séjourné dans une solution acide et cette précaution serait trop souvent omise dans la pratique. Rien n’est plus facile au contraire que de la faire bouillir un quart d’heure, dans un de ces récipiens métalliques qu’on trouve dans toutes les cuisines.

Je n’ai parlé jusqu’ici de la filtration de l’eau qu’au point de vue des ménages ; là, il suffit d’une seule bougie et le nettoyage ne présente pas de difficultés ; mais lorsqu’il s’agit d’épurer les grandes quantités d’eau nécessaires pour une caserne, un lycée ou un hôpital, la question se complique. Dans les casernes, où tout est soumis à une réglementation uniforme et précise, les bougies en porcelaine sont branchées par séries de cinq sur une même conduite et renfermées dans une caisse en bois dont la paroi postérieure est constituée par le mur lui-même. L’inférieure est percée de trous correspondant aux tétines des bougies, et sous chacune d’elles se trouve une cruche en grès pour recevoir l’eau filtrée. Toutes les cruches sont rangées sur un évier. On filtre sous une pression de deux atmosphères environ. Lorsque l’eau dont on dispose n’est pas dans ces conditions, on se sert d’accumulateurs de pression ; ce sont des récipiens cylindriques en tôle galvanisée, dans lesquels on refoule de l’air avec une pompe jusqu’à ce que le manomètre marque deux atmosphères. Le nettoyage de ces filtres à nombreuses bougies n’est pas facile. On ne peut pas démonter les appareils à chaque fois, parce qu’on briserait un trop grand nombre de tubes ; aussi a-t-on adopté, dans la plupart des casernes, le nettoyeur mécanique du système O. André qu’on a pu voir fonctionner dans la section d’hygiène, à l’Exposition universelle de 1889. Cet appareil n’enlève pas assez complètement le dépôt limoneux qui se forme sur les bougies pour qu’on soit certain de la destruction de tous les