également chez Melkart et chez Echmoun, et chez leurs correspondans grecs, Héraklès et Asklépios.
Les traits conventionnels de l’Hercule classique ne rappellent guère ceux d’un enfant. Les choses changent, si nous passons en Syrie. Là était adoré un dieu, Melkart, dans lequel les Grecs reconnaissaient l’Hercule tyrien. Au travers des rites sanglans de son culte, — les cultes funéraires ont toujours été accompagnés d’effusion du sang, — on retrouve encore le dieu-fils, frère jumeau d’Adonis. Ce jeune dieu, fils de Zeus et d’Asteria, était passé on Libye ; il y fut tué par Typhon, et sauvé par Iolaüs qui lui mit une caille sous le nez. L’odeur de ce mets, qu’il avait tant aimé pendant sa vie, le ressuscita. A Tyr, la principale fête de Melkart s’appelait le « Réveil » ou la résurrection du dieu. Elle se célébrait autour d’un bûcher où le dieu perdait sa vieillesse et retrouvait sa force. Hiram, dit-on, avait le premier fixé cette fête au deuxième jour du mois de Peritios, qui correspondait au 25 décembre du calendrier romain, le jour où dans toute la Syrie on célébrait le Dies Natalis Solis invicti. A Corinthe, où Melicertès était mort, à Carthage, à Gadès, on montrait également son tombeau. Il était le grand dieu des Tyriens, celui qu’on rencontre dans tous les ports de la Méditerranée, et ses pérégrinations ne sont que l’image des voyages des Phéniciens dans les contrées les plus lointaines.
L’Hercule tyrien est le prototype de l’Hercule grec. Ces coupes de bronze repoussé, ou excellaient les Phéniciens, aiment à reproduire dans leurs représentations circulaires un héros, tantôt imberbe, tantôt barbu et vêtu de la peau de panthère, combattant avec un lion ou le portant sur son épaule, ou bien étranglant un oiseau gigantesque. M. Clermont-Ganneau a parfaitement démontré que c’est dans ces scènes figurées et dans d’autres du même genre qu’il faut chercher l’origine du cycle des travaux d’Hercule, le héros qui descend aux enfers et finit sa vie sur un bûcher. La massue même, sur laquelle il s’appuie dans les représentations classiques, où le type du dieu vainqueur, symbole de la force, a pris le dessus, rappelle étrangement cette colonne sacrée de forme conique que nous avons trouvée partout associée à Melkart. Les Grecs ont réduit le symbole divin à n’être plus qu’un accessoire ; ils ont humanisé les traits d’Hercule et, par un dédoublement fréquent en mythologie, ils l’ont représenté appuyé sur la massue ; mais il n’a pas perdu son caractère primitif et, dans tous les mythes dont les poètes et les artistes ont embelli son histoire, il nous apparaît comme le grand héros libérateur et il reste le Sanctissimus Hercules tyrius invictus.
La même idée se dégage du mythe d’Echmoun-Asklépios.