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poids de matière sèche a été pour les faibles écartemens de 13 000 kilos à l’hectare et de 11 000 seulement pour les racines écartées ; les petites betteraves renfermaient 8 tonnes de sucre, les grosses 6 ; il y avait dans les premières 824 kilos de matière azotée et seulement 573 dans les secondes.

Les résultats fournis par les Globe cultivées à divers écartemens furent analogues, et si, pendant les années suivantes, il s’est manifesté quelques irrégularités, c’est-à-dire si ce ne sont pas toujours les betteraves les plus rapprochées qui ont donné les rendemens en matière sèche les plus élevés, ce sont toujours les grosses racines qui ont donné les plus faibles, ce sont elles aussi qui ont toujours renfermé les proportions de salpêtre les plus fortes.

Il ne faudrait pas croire que ces quantités fussent insignifiantes, elles sont au contraire considérables. En 1891, les Mammouth serrées ont emporté d’un hectare : 64 kil, 8 de nitrate de potasse, les écartées, 219kil, 4 ; les Globe de petite dimension, 33kil,9 ; les grosses, 192kil, 7.

Ces énormes déperditions de nitrates ne sont pas dues à des fumures exagérées ; en 1894, où la teneur des betteraves fut considérable, on avait distribué seulement au printemps 100 kilos de nitrate de soude à l’hectare, par conséquent moins que les racines n’en contenaient. Il n’y a rien là qui nous étonne, nous savons que les nitrates prennent naissance dans le sol par l’activité des fermens nitriques, que cette activité atteint son maximum dans une terre chaude et humide, c’est-à-dire habituellement à l’arrière-saison, au moment où les racines sont encore sur pied, et il n’est pas extraordinaire qu’elles soient très chargées ; mais il est bien à remarquer qu’elles le sont d’autant moins qu’elles sont de moindre dimension, et c’est là une des raisons qui militent en faveur du semis en lignes serrées.

Telles qu’elles sont habituellement cultivées, les betteraves fourragères ne présentent donc pas tous les avantages qu’on est en droit d’en attendre, et on est conduit à se demander si les betteraves fourragères ne pourraient pas être avantageusement remplacées par les racines naguère encore employées dans les sucreries et qui alimentent encore les distilleries.

Les variétés fourragères ont été choisies à cause des énormes dimensions qu’elles peuvent acquérir ; or, nous l’avons vu, quand on les cultive en lignes serrées, elles perdent le développement excessif qui les faisait rechercher, et, dès lors, il n’y a plus de raisons sérieuses pour les préférer aux variétés ne présentant habituellement que de faibles dimensions.