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se produire. Elle s’est produite. A la suite de quelques tentatives infructueuses, mais pourtant utiles parce qu’elles ont déblayé le terrain et préparé les solutions futures, les délégués des porteurs étrangers se sont rendus à Constantinople au mois d’août 1881, et, avant la fin de l’année, était rendu le décret de Moharrem qui fixait le capital nominal de la dette d’État, établissait un Conseil d’administration pour veiller à sa gestion, et affectait à son service, par une cession absolue et irrévocable, les revenus de six monopoles ou impôts, les monopoles du sel et du tabac, les impôts du timbre, des spiritueux et de la pêche, enfin la dîme de la soie. Ne faisant pas une étude spéciale de cette question, quelque intérêt qu’elle offre, nous négligeons les détails. Il suffit de dire que le système établi à la fin de 1881, pour entrer en vigueur dès le commencement de 1882, a fonctionné depuis de la manière la plus satisfaisante, et que la Porte, c’est une justice à lui rendre, a rempli ses engagemens avec loyauté. Quant au Conseil de la Dette auquel, en dehors de ses attributions purement financières, certaines exploitations industrielles et commerciales ont été abandonnées, il a rendu de réels services par les perfectionnemens qu’il y a apportés. C’est ainsi qu’il exploite les salines, et que, dans la culture des vignobles ou l’élevage des vers à soie, il a introduit, au grand bénéfice de la situation économique du pays, les méthodes pastoriennes et les procédés de la science la plus avancée. Mais revenons à notre sujet.

Malgré son mérite, la combinaison que nous venons d’esquisser présente une lacune. La Porte étant entrée en communication directe avec ses créanciers, la Russie, qui avait pourtant adhéré à la déclaration du protocole 18 de Berlin, s’est trouvée exclue de l’arrangement final pour une raison excellente, à savoir que, parmi les créanciers de la Turquie, il n’y avait pas de Russes. Ceux-ci n’ont donc pas eu à envoyer un délégué à Constantinople au mois d’août 1881, et seuls les créanciers anglais et néerlandais, français, austro-hongrois, allemands et italiens, y ont été représentés. L’inconvénient n’était peut-être pas très considérable aussi longtemps que la situation financière de la Turquie est restée la même ; mais lorsqu’on a pu craindre qu’elle n’éprouvât le contre-coup des secousses politiques devenues si fréquentes depuis plusieurs mois, il était naturel de se préoccuper de l’absence complète de la Russie dans les arrangemens financiers qui avaient été arrêtés. M. Hanotaux a essayé de pourvoir à cette préoccupation par un premier moyen qui n’a pas abouti ; alors, on en a cherché un autre et on l’a trouvé. Voilà, en un mot, toute l’histoire