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Par suite les poutres respectables que l’on prodiguait aux bâtimens antiques, couronnés de « poinçons » hautains, de « fermes » copieuses et enchevêtrées, sont désormais rares et coûteuses. Lorsque Catherine de Médicis se faisait octroyer en 1571, par le roi son fils, dix hectares de futaie à La Neuville-en-Hez, dans le Beauvoisis, pour achever la charpente des Tuileries, c’était un cadeau sans importance; ce serait une somme aujourd’hui. Comme on n’avait nul souci de les économiser, les arbres offraient une résistance extrême, parce que chacun d’eux travaillait avec tout son « cœur », ce cœur dur et sec que se font les végétaux ligneux au milieu des intempéries et des tempêtes. Chaque morceau, épais ou grêle, « arbalétrier » ou « lien », était un tronc entier, plus ou moins fort; mais on ne refendait pas les brins dans le sens de la longueur, pour en composer plusieurs pièces de charpente. On eût craint et, avec raison, que ces pièces ne se déformassent, tiraillées par le tissu différent de leurs deux parois : l’une voisine du centre et très compacte, l’autre contiguë à l’ « aubier », aux nouvelles couches spongieuses et lâches.

Deux autres raisons ont fait prévaloir le type actuel des combles ; deux raisons qui dominent toute l’architecture urbaine : le manque de place et l’obligation de subordonner le beau à l’utile. Une noble et altière toiture satisfait l’œil de l’artiste ; elle n’offre au propriétaire, dans son sommet aigu, la matière d’aucun bail avantageux. Nul bourgeois, en cette ère d’égalité, ne consentirait à louer les mansardes que les jeunes gentilshommes occupaient jadis dans l’hôtel de leurs pères, et que les gens de qualité ambitionnaient dans les palais de nos rois. On pousse donc les murs jusqu’au maximum autorisé par les règlemens de police : 15, 18 ou 20 mètres, suivant qu’ils bordent des rues ou des boulevards de huit, de dix ou de vingt mètres de largeur. L’administration intervient encore pour limiter la hauteur des toits ; elle fixe leur profil et leur point culminant. L’architecte profite des quelques mètres ainsi concédés : il y trouve les élémens d’un sixième étage, légèrement incliné en arrière, le brisi, construit en chevrons, écaillé d’ardoises à l’extérieur, plâtré à l’intérieur d’un enduit de trois centimètres sur une clôture de planches. Et comme le niveau légal est près d’être atteint, qu’on n’a plus le droit de monter, le tout est recouvert d’une calotte, le terrasson, que l’emploi du zinc permet de faire presque plate et de poser en un clin d’œil. Il suffit d’une journée à des couvreurs habiles, pour