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cher c’était la matière elle-même; on en prenait tant de soin que l’intendant d’un grand seigneur, en 1567, allait jusqu’à recommander d’enlever les carreaux durant l’absence de son maître, comme il eût fait mettre des housses aux fauteuils.

Il existe aujourd’hui des verres de trois épaisseurs: doubles, demi-doubles et simples ; et chaque espèce forme quatre qualités, graduées d’après leur blancheur et leur beauté. Le verre simple de quatrième choix se paie 3 francs le mètre superficiel, le verre double de premier choix est coté 8 francs ; ce sont les deux extrêmes. Suivant le loyer futur des appartemens et, dans chaque appartement, selon les pièces, les différens types sont employés. Le verre double de deuxième choix par exemple, usité dans les salons élégans de la capitale, revient à 7 francs le mètre, tandis qu’il coûtait 20 francs sous Louis XV, 25 fr. sous François Ier, 35 fr. sous Charles VII et 45 fr. sous Philippe le Bel, en tenant compte de la puissance d’achat des métaux précieux à ces diverses dates. Un vitrail peint ne se vendait pas beaucoup plus du double d’un vitrail blanc; c’est pourquoi, lorsqu’on faisait la dépense d’une verrière, on hésitait peu à la décorer. Et avec d’autant plus de raison qu’autrefois le verre blanc était assez laid, de nuance verdâtre presque toujours.

Le verre est obtenu depuis peu d’années par la fusion de substances très diverses, dans des fours immenses, dits « à bassin », qui contiennent jusqu’à 400 tonnes de mélange vitrifiable. Ces fours, chauffés au gaz, produisent 80 000 kilos par vingt-quatre heures d’une composition que d’autres appareils étendent en feuilles en lui donnant son aspect définitif. L’élément principal du verre est, jusqu’à concurrence des trois cinquièmes, le sable — 64 pour 100 — uni à 12 pour 100 de chaux et à 24 pour 100 de carbonate de soude; tandis que le cristal provient de l’alliance d’une moindre partie de sable (50 pour 100), avec la potasse et l’oxyde de plomb (minium) qui entre pour un tiers dans le dosage. La plupart des verres oscillent pratiquement entre ces deux formules absolues ; la démarcation traditionnelle entre le verre et le cristal tend à s’effacer, comme entre le fer et l’acier[1].

Ce qui subsiste, c’est la lutte des verriers contre la coloration naturelle de l’un et de l’autre, ayant pour cause la présence d’un gramme environ d’oxyde de fer par kilogramme de pâte fondue.

  1. Voyez, dans la Revue du 15 mars 1895, l’Industrie du fer; l’Acier.