l’enseignement des petits, et dans une lettre à M. Guizot, il lui faisait entrevoir comme un devoir pressant l’enseignement agricole dans les écoles rurales. Je n’oserais pas dire que ce germe déposé en bon terrain ait suffi pour faire éclore depuis un demi-siècle tant d’institutions d’enseignement utiles pour l’art agricole. Le plus utile aujourd’hui c’est l’enseignement donné dans les campagnes, sous les yeux du cultivateur attardé, avec preuves à l’appui. Les écoles nationales pratiques, les fermes-écoles sont des moyens d’instruction qui ne sauraient atteindre le petit paysan. Il faut l’aller trouver chez lui. L’école primaire y est toute transportée. Le premier effort qui fut dirigé de ce côté date de 1884. Il se bornait à introduire l’enseignement sans lui donner le temps de se produire. Une des erreurs accréditées en France depuis vingt-cinq ans a été de croire que l’école plus que les armes de l’Allemagne nous avait vaincus en 1870. On imagina que les événemens auraient tourné d’autre façon si nous avions mieux su la géographie. L’étude de la géographie, de l’histoire et de tout ce qui s’ensuit fit donc une entrée triomphale dans l’école primaire. On y parla sans doute du limon du Nil, mais on négligea de s’occuper du fumier de France et des moyens d’y suppléer quand il manque. Un autre jour on découvrit que la gymnastique méthodiquement enseignée était indispensable pour former des hommes robustes : la gymnastique rationnelle fut introduite dans l’école. Le petit paysan, qui fait de la gymnastique naturelle tous les jours, fut appris à n’en plus faire qu’aux heures réglementaires. Les programmes furent tellement surchargés que cette malheureuse agriculture resta à la porte. Les trente-six heures par semaine étaient prises.
Quelques zélés instituteurs, que l’amour des champs inspirait, allongèrent le temps des classes en empiétant sur les jours de repos, sur le jeudi, sur le dimanche et, sous prétexte de promenades, ils menèrent leurs élèves visiter les emblavures de leurs pères. Ils leur enseignèrent ce qu’ils savaient déjà les uns et les autres : que le blé ne vient pas tout seul ; qu’il faut le semer sur un sol préparé par diverses « façons » ; qu’il faut le récolter quand il est mûr et le battre quand il est sec. Je suppose que pendant ces discours, l’élève faisait de la gymnastique naturelle en cherchant des nids et en montant aux arbres. On dut s’apercevoir bientôt que cet enseignement transcendant ne suffisait pas pour introduire du sucre dans la betterave et pour faire produire trente hectolitres de blé à l’hectare. On fit un peu de place dans les programmes et l’on y fit entrer des notions d’agriculture que d’ailleurs l’élève pouvait recueillir ou négliger. Le certificat d’études, — ce certificat qui