sont merveilleusement réglés, et les discours de Jean et de Madeleine sont très éloquens et très bien faits.
Dernier acte. — Cadavres et civières devant l’usine brûlée. Jean a été tué, Robert a été tué ; Hargant pleure sur Robert, et Madeleine sur Jean ; et, sentant remuer ses entrailles, elle promet aux martyrs un vengeur. Mais, affreusement blessée à la tête, je crois qu’elle meurt aussi. — Et le père Thieux, devenu fou, murmure : « C’est la paye, c’est la paye », et c’est le mot de la fin.
La conclusion paraît être : « Rien à faire ; car les patrons ne sont que des hommes, et les ouvriers n’ont que « de pauvres petites âmes d’enfans, obscures et balbutiantes », comme des âmes de Maeterlinck. Maudissons la vie, et désespérons. A cela rien à dire ! C’est trop simple ; et, si ce nihilisme a des « dessous, » je ne les ai pas vus. — Mais le spectacle est souvent saisissant pour les yeux ; plusieurs scènes du drame sont d’un écrivain de grand talent ; et enfin il y a, répandue dans toute cette déclamation, une pitié bilieuse et colérique, — qui n’est peut-être qu’une forme de la sensualité offensée, — et un amour de la destruction et de la mort, dont il se peut que vous soyez séduits.
MM. Guitry et Deval jouent supérieurement Jean Roule et Hargant. Mme Sarah Bernhardt (Madeleine) fait ce qu’il lui plaît, et, quoi qu’elle fasse, c’est toujours elle. Elle est toujours, comme dit M. Edmond Rostand, la reine de l’Attitude et la princesse du Geste.
Au théâtre de la République, pour l’anniversaire de Racine, on a lu des vers de M. Emile Trolliet, ingénieux et tendres, et qui n’ont point paru indignes de leur sujet.
JULES LEMAITRE.